COUP DE COEUR. Bakhita de la comédienne, romancière et dramaturge Véronique Olmi retrace et romance la vie de cette religieuse, ancienne esclave soudanaise devenue sainte.

Une storia meravigliosa, une « histoire merveilleuse ». Elle ne se souvient plus de son nom. Elle ne se rappelle pas de son village ni où il se situe sur une carte. D’ailleurs, elle n’a jamais vu de carte. Elle se remémore simplement l’amour de sa famille ; la beauté et la douceur de sa mère, sa présentation à la lune par son père, sa jumelle, Kishmet, sa grande sœur disparue. À sept ans, la vie de Bakhita bascule. La petite Soudanaise est enlevée dans son pays, par des négriers.

C’est le début d’une traversée sans fin. Une marche interminable. Un trou. Une langue qui n’est pas la sienne. Un prénom nouveau. Bakhita qui veut dire la chanceuse. Vient la vente, puis les maîtres, plus cruels les uns que les autres. Violée, battue, tatouée, l’enfance de l’héroïne est un enfer.  Jusqu’au jour où un consul italien, Signore Legnagni, va la sauver de ce cauchemar. Elle a alors 13 ans.

Rencontre avec Dieu

C’est alors que démarre la deuxième vie de Bakhita, romancée magnifiquement par Véronique Olmi. Les Italiens n’ont jamais vu de Noire de leur vie et ils en ont peur. Ils la surnomment le « diable noir« . Malgré les appréhensions des riverains, la jeune femme apprend une nouvelle langue et surtout, rencontre des personnages qui marqueront son parcours à jamais: Signore Michieli, Mimmina ou encore Madre Fabretti.

 

Grâce à son caractère de battante et après des années de bons et loyaux services, Bakhita obtient sa liberté lors d’un procès mémorable en 1889. L’ancienne esclave devenue pieuse veut devenir « la fille d’un père qui ne l’abandonnera jamais ». 

La Madre Moretta 

Son histoire et son courage font sa force. La Madre Moretta prend la place qu’elle a méritée. L’héroïne passera sa vie à aider les autres, surtout les orphelins. Elle décède en 1947 à l’âge de 78 ans. En l’an 2000, Jean-Paul II la canonise.

 

 Coup de coeur des Intelloes

La comédienne, romancière et dramaturge Véronique Olmi parvient à transporter le lecteur aux côtés de Bakhita, et ce, tout au long d’une vie splendidement romancée. La promiscuité avec la jeune héroïne est telle que l’on perçoit sa sueur, ses peurs, la puissance de son silence et de ses cris. Les phrases sont laconiques, mais violentes. Les mots choisis ne laissent nulle place au doute. Il devient alors difficile et douloureux d’oublier Bakhita, et de fermer ce bouquin une bonne foi(s) pour toute.

Inspiré de faits réels, ce roman a déjà reçu les Prix Patrimoines 2017 et Roman Fnac. Il est aussi sélectionné pour le prix Goncourt, le Goncourt des Lycéens ainsi que le Prix Fémina.

Bakhita, Véronique Olmi, éditions Albin Michel, sorti le 23 aout 2017, 464 pages, 22,90 euros.

 

Judith BOUCHOUCHA