Body revenge ! La revue de presse de février

Journée internationale contre l’excision, 50 ans de la pilule contraceptive. À sa manière, ce mois de février nous a rappelé à quel point le corps des femmes leur appartient. Pourtant d’un point de vue plus personnel, s’approprier son corps s’avère très souvent plus complexe qu’il n’y paraît. Voici une revue de presse des derniers événements. 

« Éternellement débattu, jamais cerné», tel pourrait être le titre de l’encyclopédie du corps féminin, des premiers siècles à nos jours. L’heure est venue pour les femmes de se réapproprier leur image, n’en déplaise à certains !

Body shaming vs. Body positive

Oh que oui. Les diktats de beauté (évoqués dans notre revue du mois dernier) ont trouvé un allié de poids dans les réseaux sociaux. Pensez, autant de filtres embellisseurs que de médisance enfin libre de s’exprimer. Le culte de la perfection ne pouvait rêver meilleure publicité.

C’est un peu comme si la femme censée nous faire rêver sur cette affiche, celle-là même qui nous toise du haut de ses 2 mètres d’envergure, allure impécable et bouche entrouverte, avait désormais la possibilité de nous mettre en boîte.

Et ce qui devait arriver arriva : Les youtubeuses beauté inventèrent le « tuto grossesse ».

Cet article publié sur Slate – et admirablement bien écrit – nous plonge au cœur de cette antre insondable, aussi fascinante que vomitive. Car attention, « nous pénétrons donc dans un monde ou il est envisageable d’assortir sa tenue à sa poussette« .

Le souci, c’est que les femmes en ont ras-la-moule de se faire tailler. Elle n’en peuvent plus, non plus, de cette hypocrisie ambiante et de ses discours niais.

Résultat le body shaming se meurt et le body positive devient notre nouvelle arme de désinhibition massive.

Il ne s’agit plus simplement d’avoir « l’audace » de faire défiler un mannequin grande taille lors de la Fashion Week (ça on avait déjà vu), mais de taper plus fort : ériger le naturel et la diversité au rang d’unique modèle, universel et absolu.

En février, les Australiennes se sont laissé pousser les poils sous les aisselles et le HuffPost a parlé d’Emily Bador. Cette mannequin anglaise a posté une photo d’elle sur Instagram « où on la découvre tous poils dehors, bourrelets apparents, acné non maquillée et cicatrices visibles. Boum « . La presse internationale toute entière loue son impertinence.

Photo extraite du compte Instagram d'Emily Bador, darth_bador

Photo extraite du compte Instagram d’Emily Bador, darth_bador

Pendant ce temps, The All Women Project signe sa seconde campagne, photographique cette fois, et Internet semble petit à petit faire machine arrière.

En fait, comme se le demande cet autre article, et si l’origine du mal devenait source d’acceptation ?

Souvent femme varie. Preuve qu’Internet aussi.

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Mieux s’accepter passe aussi par toutes sortes de questionnements intelligents. Et on en a trouvé ce mois-ci ! 

  • En tout premier lieu, sait-on vraiment à quoi ressemble notre vagin ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre minou, et plus précisément son intérieur, a inspiré 2 beaux projets.

Repéré grâce au site Madmoizelle, le Beautiful Cervix Project, initié par l’américaine O’Nell Starkey, est avant tout destiné à  » faire parler la norme et ses variations, la force et la beauté de nos corps « 

Le second , Your Vagina is Most Beautiful Than You Think réalisé par Layla Martin, a pour but d' »en finir avec le tabou du corps de la femme, et les aider à mieux se sentir à l’aise et connectées avec leurs corps. »

Leur point commun : la photographie. De quoi faire de notre entrejambe un très authentique sex symbol.

  • La mode, futilité essentiellement connotée féminine, est-elle une alliée ou une ennemie dans notre quête d’acceptation de soi ?

 » Le fait de ne pas être à la mode, de ne pas correspondre aux normes de beauté, est un risque beaucoup plus grand pour les femmes que pour les hommes.[…] c’est justement parce que leur apparence à eux n’a pas forcément eu dinfluence déterminante sur leur vie personnelle, sur leur vie professionnelle, ni sur leur expérience du monde en général.  »

…  » Contrairement à la grande majorité des femmes, à qui l’on fait comprendre dès le plus jeune âge que leur vie tout entière dépendra de leur apparence.  »

Ou pourquoi la mode…est un truc de femme ?, par Alexandra d’Imperio.

  • Se balader nu devant ses enfants peut-il les aider à avoir moins de complexes?

Que nos parents l’aient fait ou pas, on s’est tous poser la question au moins une fois, non? Cet article de Slate, d’une grande objectivité, nous éclaire à ce sujet.

  •  La dysmorphophobie, symptôme typique d’une décennie passée à se regarder le nombril, peut-elle avoir un équivalent intellectuel ?

Il semblerait que oui, et là aussi ce sont les filles qui en pâtissent le plus.

Selon une enquête publiée par la revue américaine Science et dont TV5Monde se fait l’écho,  » à partir de 6 ans, la majorité des filles se reconnaissent beaucoup moins que les garçons dans la catégorie « très intelligents ». Déjà intriguant.

On y apprend aussi que dès 5 ans  » les injonctions de modestie semblent beaucoup plus prégnantes pour les filles, inversement à la confiance en soi qui tend à submerger les garçons« .

ALLEZ TOUS ENSEEEMBLE ! : MAIS COMMENT CELA EST-IL POSSIBLE ???

La réponse ici.

  • Enfin, une meilleure connaissance du corps féminin pourrait-elle permettre de mieux lutter contre certaines formes de violence médicale ?

On vous avez parlé d’épisio dans la revue de presse du mois de décembre, voici sa problématique (très bien) expliquée en vidéo.

Mais le questionnement des violences durant l’accouchement ne s’arrête pas là. Voici un article passionnant sur le sujet. Merci France Info !

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DU SEXE (car dorénavant il aura toute la place qu’il mérite dans cette revue de presse)

  • Toi aussi souscris à la Newsletter de ma chatte

C’est CheekMagazine qui l’a repéré le 15 février, et c’est passionnant : «  La Newsletter de ma chatte consacre un dossier entier à la masturbation féminine et compile témoignages, chroniques et interviews sur le plaisir féminin. »

Pour lire le dossier c’est

Pour souscrire à cet ovni prometteur, touche-moi là

  • Mettre un doigt dans l’anus de votre partenaire masculin pendant l’acte est-il judicieux ?

4 témoignages: 2 pour, 2 contre. La balle est au centre. Pour trancher, il n’y a plus qu’à aller chercher un cinquième avis…

  • Alors comme ça la taille ne compterait pas ?

On se disait bien que cette légende urbaine manquait de fondements… Le Monde nous le prouve : La taille du sexe mâle joue sur celle du cerveau femelle

  • Pour se coucher moins bête

Sachez que l’odeur des rapports sexuels a été identifiée. Interrogé par le GQ américain, le parfumeur Roja Dove vous la détaille.

LE BONUS

À ne surtout pas manquer !!! Le 18 mars à 14h, en live sur youtube et Facebook, le site Madmoizelle a invité le génialissime Martin Winckler, ce « médecin bienveillant et auteur de talent » (!) pour discuter. Croyez-nous, cet homme est un génie.

Et juste pour info, en passant, sachez que les inégalités salariales femmes/hommes représentent un gâchis de 62 milliard d’euros pour l’économie française.

En attendant le mois prochain, gardez les yeux ouverts et l’esprit affranchi* !

*Qui manifeste une indépendance absolue à l’égard des conventions morales ou sociales

 

Image de couverture : Street Art, collage de David Gouny (2007)