INTERVIEW – Les Intelloes ont discuté avec Julie Meunier, fondatrice des Franjynes. Cette trentenaire en rémission d’un cancer a imaginé une gamme de franges et de turbans pour aider les femmes et LES filles à se sentir belles malgré la maladie.

À 30 ans, Julie Meunier est l’heureuse fondatrice de l’e-commerce Les Franjynes. Le concept : des franges accompagnées de turbans pour « aider les femmes à garder bon moral »  pendant un cancer. Une véritable alternative à la perruque. Les Intelloes l’ont rencontrée.

La niçoise est une survivante. Elle découvre seule qu’elle a cancer du sein de grade III à 27 ans. « En mettant un jour mon soutif’, j’ai senti une boule qui me gênait au niveau des baleines. »  Pour combattre sa maladie, elle subit 21 chimiothérapies, 40 radiothérapies ainsi que deux opérations. Comme elle le mentionne sur son blog, Julie Meunier veut « démontrer que malgré les traitements, il est plus que possible de garder sa féminité, et rester belle » . Pour cacher son alopécie [perte accélérée des cheveux, ndlr.], la jeune créatrice se « bidouille une frange »  et complète sa coupe avec un turban. « Les gens pensaient que j’avais un nouveau style » , raconte-t-elle amusée. C’est comme cela que sont nées les Franjynes.

La perruque, elle l’a testée et, elle l’a détestée ! « Ça gratte, ça tient chaud et ça coûte entre 300 et 3000 euros. »  Il faut savoir que la sécurité sociale ne rembourse que 125 euros. Les franges et turbans créés par Julie Meunier, dont le montant s’élève à 90 euros, sont intégralement remboursés . Il faut aussi noter que les malades perdent en pouvoir d’achat. « Il fallait que les Franjynes soient accessibles à tous pour éviter les distinctions de classe sociale. »  Ses modèles existent en 7 couleurs et tiennent sur une tête nue grâce à un système breveté. Elles sont fabriquées en fibre synthétique haut de gamme japonaise et peuvent supporter la chaleur jusqu’à 190 degrés.

« Le cancer m’a mis un coup de pied aux fesses« 

La naissance des Franjynes était inattendue, pour Julie. Pour faire plaisir à ses parents, la jeune femme étudie le Droit. Elle commence sa vie active en tant que juriste en droit immobilier. « Tu te disputes toute la journée avec des gens, ce n’est pas ça la vie ! Je n’étais pas heureuse. »  Puis, la maladie la rattrape. Mais au lieu de s’apitoyer sur son sort, Julie s’acharne.  « Le cancer m’a mis un coup de pied aux fesses. »  L’entrepreneuse s’inscrit alors dans une école d’arts pour devenir tatoueuse, son rêve depuis toujours. Pourtant, « la vie en a décidé autrement »  et elle s’en contente parfaitement.

Portrait de Julie Meunier, créatrice des Franjynes

Portrait de Julie Meunier, créatrice des Franjynes

Petite fille portant une franjynette

Petite fille aborant une franjynette

Portrait de Julie Meunier, créatrice des Franjynes

Portrait de Julie Meunier, créatrice des Franjynes

En novembre 2016, la créatrice se lance le pari de monter sa start-up. Un double défi. Les banques lui refusent les crédits à cause de sa rémission et son entourage trouve que « la maladie n’est pas marketing » . Julie ne se laisse pas abattre. Elle élabore une campagne de crowdfunding (financement public, ndlr)et récolte 35 000 euros en quarante-cinq jours. « Je suis contente de m’être écoutée. J’ai créé l’entreprise de mes rêves » , confie-t-elle. Depuis le lancement de son e-commerce le 29 juin 2017, la niçoise a envoyé 643 commandes. Elle reverse 5% de son chiffre d’affaire à la recherche contre le cancer à Nice.

« Je mets à profit ma créativité dans les Franjynes. Le cancer m’a permis de m’émanciper et de me désinihber. Je ne me suis jamais sentie aussi bien ! » .  Une conversation avec cette véritable guerrière est l’équivalent d’un « shot »  de détermination.

Avec ses Franjynes, Julie Meunier a été primée par le Ministère de l’économie et a reçu le prix du « Formidable projet e-commerce »  de Wizishop.  Et pour finir sur une autre bonne nouvelle, ses modèles pour femmes et petites filles seront bientôt mis en vente par La Redoute.

Propos recueillis par Judith BOUCHOUCHA