Les Intelloes ont sélectionné dans la littérature cinq ouvrages à se procurer de toute urgence en octobre. Sexualité au Maroc, vierges jurées, sexisme en cuisine, balade parisienne ou encore rupture douloureuse : ce mois-ci, il y en a pour tous les goûts.

  • Le courage qu’il faut aux rivières d’Emmanuelle Favier
Couverture de "Le courage qu'il faut aux rivières" d'Emmanuelle Favier (éd Albin Michel) © Albin Michel

© éditions Albin Michel

Pour vivre libres, elles ont décidé de vivre comme des hommes. Dans son premier roman, Le courage qu’il faut aux rivières (éd. Albin Michel), Emmanuelle Favier dévoile le quotidien des vierges jurées d’Albanie. Ces femmes ont fait vœu de chasteté pour s’assurer une indépendance. On découvre, dans un premier temps, le parcours de Manushe, 45 ans. À ses 15 ans, elle évite un mariage forcé. Grâce à cela, cette dernière est respectée dans son petit village des Balkans. L’arrivée d’Adrian, personnage énigmatique au regard fascinant, bouscule son quotidien. Cet homme a aussi un passé, une histoire, aussi terrifiante que passionnante. Grâce au style poétique et particulier de l’autrice, dans des décors impressionnants, le lecteur trépigne à l’idée de terminer l’ouvrage.

Le courage qu’il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, éditions Albin Michel, 17 euros, sorti le 23 août, 224 pages.

  • Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc de Leïla Slimani 
Couverture du livre "Sexe et mensonges" de Leila Slimani © Les Arènes

© éditions Les Arènes

Enquête au coeur de la sexualité marocaine. La lauréate du prix Goncourt 2016, Leïla Slimani, s’immisce dans la vie des femmes marocaines dans son recueil de témoignages Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc (éd. Les Arènes). L’autrice dénonce la schizophrénie et la culture du mensonge du pays. “Faites ce que vous voulez, mais faites-le en cachette.” Pour exemple, les jeunes femmes favorisent la sodomie pour conserver leur hymen, garant de l’honneur des familles. Il est  aussi strictement interdit d’avoir une relation sexuelle hors mariage ou encore d’avorter… D’ailleurs, il y aurait “entre 500 et 600 avortements clandestins par jour” selon l’écrivaine. L’une des interrogées dans l’ouvrage, Zhor, raconte que : “le viol est très courant. Les hommes ne comprennent pas la différence entre le fait d’avoir une sexualité et le fait de consentir à un acte sexuel”. Un recueil coup de poing pour comprendre la vie compliquée de certaines Marocaines.

Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc, Leïla Slimani, éditions Les Arènes, 17 euros, sorti le 6 septembre, 192 pages.

  • Paname Underground de Zarca
Couverture du livre "Paname Underground" de Zarca aux éditions Goutte d'Or

© éditions Goutte d’Or

L’underground, c’est le macadam.” Zarca est écrivain et blogueur pour Le Mec de l’Underground. Pour alimenter ses récits, le jeune homme à la capuche vissée sur la tête, s’enfonce dans les bas-fonds parisiens a.k.a “l’Underground panamien”.  Avec son style argotique et ses punchlines assassinantes, il raconte Paris à sa manière. L’auteur décrit les quartiers de Belleville, Barbès, Marx Dormoy ou encore La Chapelle grâce à ses amis et connaissances… Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Même la plus belle avenue du monde, les Champs-Élysées, en prend pour son grade. Au fil de ses pas, entre deux rails de coke, une histoire de vengeance liée à une romance se trame. La limite entre le réel et la fiction est difficile à percevoir. Un roman puissant à consommer sans modération. 

Paname Underground, Zarca, éditions Goutte d’or, sorti prévu le 19 octobre, 17 euros, 256 pages.

  • Pour te perdre un peu moins de Martin Diwo
Couverture de "Pour te perdre un peu moins" de Martin Diwo © éditions Plon

© éditions Plon

La douleur de la séparation. Il faut avoir connu l’amour et avoir été déchiré pour la comprendre. Pour son premier roman, Pour te perdre un peu moins (éd. Plon), Martin Diwo s’attaque à un sujet vu et revu. Pourtant, le lecteur se met – encore une fois – dans la peau de ce jeune homme de 26 ans au prénom inconnu qui souffre d’une rupture. Après “quatre ans, six mois et treize jours” d’une relation magique, elle le quitte. Alors, il vagabonde. Son corps est sur terre et son esprit dans les nuages. “Mon coeur est en jachère.” Il ne cesse de ressasser sans jamais réussir à se lever. Mais qu’est-ce que l’amour à cet âge ? Comment l’apprivoiser ? Comment effacer le manque ? Comment se remettre ? Peut-on oublier ? Un roman (autobiographique ?) sur les douleurs de la vie qui mérite d’être lu et reconnu.

Pour te perdre un peu moins, Martin Diwo, éditions Plon, 17 euros, sorti le 24 août,  285 pages.

  • Faiminisme, quand le sexisme passe à table de Nora Bouazzouni
Couverture "Faiminisme" de Nora Bouzzouni © éditions Nouriturfu

© éditions Nouriturfu

Le milieu de la restauration est-il réservé aux hommes ? Dans son essai Faiminisme, quand le sexisme passe à table (éd. Nouriturfu), la journaliste Nora Bouazzouni dénonce les injonctions patriarcales liées à la cuisine en utilisant l’écriture inclusive. Encore aujourd’hui, “certain-e-s sont encore persuadé-e-s qu’une femme ne peut pas réussir une mayonnaise lorsqu’elle a ses règles. Long est le chemin vers la vérité.” Sans mâcher ses mots, elle expose point par point la domination masculine en revenant à la préhistoire. Par exemple, les hommes se gardaient les meilleurs morceaux de viande et ne laissaient que des miettes à leurs femmes. “C’est nous qui chassons et nous battons, pardon mais je crois qu’on devrait manger plus de viande que vous” parodie l’autrice dans son ouvrage. Un texte féministe à se procurer pour comprendre la société actuelle.

Faiminisme, quand le sexisme passe à table, Nora Bouazzouni, éditions Nouriturfu, 14 euros, sorti le 1er septembre, 120 pages.

 

Judith BOUCHOUCHA