Les Intelloes ont sélectionné pour vous cinq essais féministes à lire au mois de mai. Des ouvrages forts et passionnants à faire passer entre toutes les mains.

 

Bad feminist de Roxane Gay
Bad Feminist de Roxane Gay

© éditions Denoël

L’ouvrage dont toutes les femmes ont besoin. Bad Feminist a été acclamé par la presse américaine à sa sortie en 2014 et mérite aujourd’hui son heure de gloire en France. Roxane Gay est auteure et professeure de lettres. Elle est aussi féministe intersectionnelle, en surpoids, fille d’immigrés haïtiens et bisexuelle. Ce livre regroupe ses chroniques initialement publiées dans The Guardian et sur therumpus.net.

Avec une franchise (im)pertinente, Roxane Gay redéfinit les notions de féminisme et rappelle qu’une bonne féministe… n’existe pas.  « Ce mouvement est imparfait parce qu’il est dirigé par des gens, et que les gens sont imparfaits par nature. » Pour l’auteure, il n’est pas incompatible de  dénoncer la culture du viol et se dandiner sur des chansons dégradantes pour l’image des femmes. Les féministes peuvent aussi regarder des TV-shows américains et lire Vogue. 

En utilisant les oeuvres culturelles contemporaines comme les séries, les livres et les films, elle analyse finement la société actuelle : le manque d’acteurs racisé.e.s, ou les violences sexuelles. Roxane Gay est révolutionnaire et elle donne la force de se battre pour l’égalité.

Bad feminist, Roxane Gay traduit de l’anglais par Santiago Artozqui, éditions Denoël, 463 pages, 21 euros 90, paru le 22 mars 2018.

Petit guide du féminisme pour les hommes de Jérémy Patinier
Petit guide du féminisme de Jérémy Patinier

© éditions Textuel

Mise à jour du 15/06/2018 : cet ouvrage a été retiré de la vente pour plagiat.

Les hommes aussi peuvent être féministes. Jérémy Patinier livre un bon guide très instructif pour acquérir les bases du féminisme. Le journaliste affirme que le féminisme est un « humanisme et un égalitarisme », ce qui signifie que toutes et tous peuvent militer pour l’égalité.

En septembre dernier, Les Intelloes avaient convié l’auteur à une table ronde sur les hommes féministes.

Dans son Petit guide du féminisme pour les hommes, Jérémy Patinier rappelle l’histoire du féminisme et les chiffres clés qui accompagnent les luttes menées par les femmes. D’une manière à la fois simple et intelligente, il rappelle les différents mouvements ainsi que leurs évolutions. L’auteur propose aussi des quizz, ce qui donne à l’ouvrage un côté ludique.

Dans un autre temps, Jérémy Patinier ouvre un débat pour redéfinir les limites du masculin. Il insiste aussi sur le fait que les hommes doivent militer pour obtenir un congé paternité. Les Intelloes applaudissent la démarche du journaliste.

Petit guide du féminisme pour les hommes, Jérémy Patinier, éditions Textuel, 224 pages, 15 euros, paru le 7 mars 2018.

Les Glorieuses de Rebecca Amsellem
© éditions Hoebeke

© éditions Hoebeke

Rebecca Amsellem a créé la newsletter Les Glorieuses en octobre 2015. Depuis, elle aborde un thème féministe à travers l’Histoire ou l’actualité chaque mercredi. Elle a aussi lancé les mouvements pour du 7 novembre 16h34 en 2016 et du 3 novembre 11h44 en 2017 pour l’égalité salariale en France.

Aujourd’hui, la docteure en économie publie vingt chroniques sur son expérience personnelle en tant que femme et militante vivant dans une société patriarcale. « Je n’arrêterai pas de me battre contre ce système patriarcal qui multiplie les formes d’oppression envers les femmes (…) Je m’engage quotidiennement pour que les femmes soient convaincues qu’elles peuvent faire ce qu’elles souhaitent. »

Rebecca Amsellem offre une nouvelle vision d’un féminisme imparfait et populaire. Elle explore  l’invisibilisation des femmes, la zone grise, l’intersectionnalité, la sororité ou encore la féminité. Elle déclare d’ailleurs dans l’une de ses chroniques : « Être féministe, c’est définir sa propre féminité et respecter celles des autres ». Rien à ajouter.

Les Glorieuses, chroniques d’une féministe, Rebecca Amsellem illustré par Clémentine du Pontavice, éditions Hoebeke, 192 pages, 18 euros, paru le 12 avril 2018.

Droits des femmes, tout peut disparaître de Pauline Delage 
Droits des femmes tout peut disparaître de Pauline Delage

© éditions Textuel

La sociologue, spécialiste des violences conjugales, Pauline Delage s’attaque ici à l’évolution des Droits des femmes. Dans cette petite encyclopédie critique, elle démontre qu’ils sont « en péril » et qu’il est temps de « repenser l’égalité ». Réfléchir aux conditions de la vie des femmes aujourd’hui en France est nécessaire, et pour elle, les inégalités économiques sont intrinsèquement liées aux inégalités de genre. Les femmes ont plus de charges quotidiennement et occupent des postes moins reconnus et moins bien payés.

Pauline Delage développe les principes du féminisme intersectionnel. Elle dénonce notamment une laïcité qui ne cesse de réprimander les Musulman.e.s. Elle cite cette jeune élève de troisième qui n’a pas pu accéder à ses salles de cours pendant quatre mois car elle portait un bandeau dans l’établissement…

Cet essai est accessible à tous.tes. Il permet de mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons et de réfléchir à un système plus égalitaire.

Droits des femmes, tout peut disparaître, Pauline Delage, éditions Textuel, 160 pages, 15,90 euros, paru le 7 mars 2018.

Qui a peur de la théorie queer ? de Bruno Perreau
Qui a peur de la théorie queer

© éditions Sciences Po Les Presses

A l’occasion du cinquième anniversaire de la promulgation de la loi autorisant le mariage des couples de même sexe, pourquoi ne pas prendre le temps de lire Qui a peur de la théorie Queer  ?

Après les manifestations contre le « mariage pour tous » et la recrudescence de d’agressions contre la communauté LGBT, il est important d’évaluer cette peur de la construction d’une identité sociale et sexuelle. Dans cet ouvrage, Bruno Perreau, professeur en French Studies, analyse les contextes politiques et sociaux qui ont mené jusqu’à cette « théorie du genre », un principe que beaucoup d’entre nous ont toujours du mal à définir.

Beaucoup d’aspects sont traités dans ce livre : sentiment d’appartenance à une minorité, mondialisation des mouvements de revendication, place de l’éducation dans les futures mentalités… Une piqûre de rappel nécessaire pour ne pas perdre le fil dans les débats actuels sur la question. 

Qui a peur de la théorie queer ?, Bruno Perreau, éditions Sciences Po Les Presses,  294 pages, 22 euros, paru le 15 mars 2018.

Judith BOUCHOUCHA & Héloïse Rakovsky