Manon nous raconte son soupir. 

Il y a mieux que l’orgasme.
Avec « le mec d’avant » ça a duré huit ans.

Huit années rythmées par les ruptures, parsemées d’engueulades, assaisonnées à l’angoisse et au sel de mes larmes. Huit années durant lesquelles je n’aimais pas le sexe. Évidemment, à cette époque, je ne tenais pas ce discours. On s’est définitivement séparés quelques semaines avant de se pacser.

Aussi inexpérimentés l’un que l’autre 

Cependant, ce serait mentir de dire que ça n’a été qu’un long calvaire. On a eu de bons moments. Au début, surtout. On s’est rencontrés au lycée. Je n’avais aucune expérience sexuelle. Pas même un baiser. Lui, il avait eu plusieurs copines mais n’avait jamais eu de rapports. Sur ce coup-là, on était aussi inexpérimentés l’un que l’autre. Sans aucun élément de comparaison. C’est sans doute pour cela que l’on a mis autant de temps à se rendre compte que sa rapidité pendant l’acte n’était pas « normale ». C’est vite devenu un sujet sensible entre nous…

Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à avoir des problèmes de lubrification. Les rapports étaient douloureux, voire carrément impossibles. Je me suis refermée sur moi-même, je repoussais ses avances. Malgré les traitements, la situation ne s’améliorait pas. Quand on avait des rapports, c’était rapide et douloureux, sans aucun plaisir (sauf pour lui évidemment).

Je ne comprenais pas cet engouement autour du sexe

En huit ans, je n’ai pas eu d’orgasme. Pas un seul. Je simulais et je lui mentais. Parfois, je réussissais à me persuader que j’en avais eu un mais je me mentais aussi à moi-même. Je me disais que ces sensations, ces petites parcelles de plaisir (rares et fugaces), ça devait être ça. Je ne comprenais pas cet engouement autour du sexe. Franchement, pas de quoi casser trois pattes à un canard. On restait parfois plusieurs jours, plusieurs semaines sans se toucher. Ça ne me manquait pas. J’attendais même mes règles avec impatience parce que pendant cette période-là j’étais tranquille. J’avais une bonne excuse.

Plus d’un an après notre séparation, j’ai commencé à rencontrer d’autres mecs. Deux en fait. Le premier était un salaud mais il m’a permis de reprendre confiance en moi et en mon corps. Je me croyais incapable de me montrer nue devant un autre homme. Il m’a prouvé le contraire (avant de me jeter comme une merde). Le deuxième, ça aurait pu donner quelque chose de sympa mais il était trop expérimenté, trop pressant et surtout trop indécis.

Il sait y faire avec ses mains et sa langue 

Et puis il est arrivé. L’homme qui a tout changé. Et pourtant ce n’était pas gagné ! Première rencontre sur un quai de gare grâce à une connaissance en commun. On se croise de nouveau à une soirée. Une fois que j’ai son numéro de téléphone, on ne se lâche plus et quelques semaines plus tard on échange notre premier baiser. Il est maladroit et inexpérimenté, mais tellement touchant. Les premières caresses sont hésitantes mais il y met une telle fougue que j’en suis toute retournée. Il sait y faire avec ses mains et sa langue… Au fil des mois, il prend en assurance. Il me fait l’amour avec passion, comme si j’étais la chose la plus merveilleuse au monde. Puis un jour, sans prévenir, l’orgasme. Incroyable, foudroyant. J’étais tellement surprise que je me suis arrêtée en plein milieu. Je ne comprenais pas ce déferlement de sensations ! Bon sang, mais c’est pour ça que les gens aiment le sexe !

Ca fait presque un an et demi. Je suis toujours follement attirée par lui et nous faisons l’amour plusieurs fois par semaine. Et je ne me fais pas prier. Enfin pas trop… Mais il y a mieux que l’orgasme. Encore plus dingue. Avec lui j’ai découvert que j’étais une « femme fontaine ». Ca veut dire que j’ai parfois des éjaculations féminines. Je croyais que c’était un mythe.  La première fois, j’ai même cru que j’avais uriné sur lui (la honte !). Je ne sais pas comment ça marche, ni comment il parvient à le déclencher mais c’est devenu régulier.

Avant, je ne changeais pas mes draps aussi souvent. Mais ça, c’était avant.