LE FILM AURAIT PU S’APPELER Trois femmes puissantes. Comme le prix Goncourt 2009 de Marie NDiaye. Sauf que dans La saison des femmes, (le nom original est Parched*signifiant assoiffée en français, nom un peu plus évocateur) la réalisatrice Leena Yadav braque sa caméra sur un trio de femmes indiennes, quand l’écrivaine française nous parlait de l’Afrique.

Dans un petit village de l’état du Gujarat, Rani, Lajjo et Bjili sont trois jeunes femmes qui luttent contre un destin tout tracé. La première, veuve depuis 15 ans, élève un fils qui lui échappe totalement tandis que la seconde est régulièrement battue par son mari qui lui reproche d’être stérile. Bjili, elle, est une prostituée qui n’a de cesse de s’élever contre sa condition.

Les maux de la société indienne qui sont parvenus jusqu’à nous ces dernières années sont là, devant nos yeux ; depuis la violence des hommes contre les femmes, jusqu’au viol. « Cependant, je veux que l’on sache que les violences contre les femmes ont lieu partout dans le monde, et pas seulement en Inde. Je me suis inspirée de témoignages recueillis en Suède, en France, et dans d’autres pays », nuance Leena Yadav.

La réalisatrice a fui le pathos dans son film (indépendant) pour évoquer une société patriarcale dont les femmes sont les premières victimes. Néanmoins, cette dernière n’épargne pas non plus les hommes, et en particulier les plus jeunes, soumis à une pression familiale et plus largement, sociétale.

En deux heures Yadav aborde aussi l’éternelle faute féminine, fait de Bjili une féministe autodidacte.

Lorsqu’on lui demande si elle est elle-même féministe, Yadav esquive à moitié la question. « J’ai ma propre idée du féminisme : tout le monde doit être considéré comme un être à part entière. Sinon, on vous attribue une étiquette ».

On n’aura pas le temps d’aborder avec elle l’authenticité qui caractérise La saison des femmes : depuis celle des paysages jusqu’à la bande originale, en passant par des personnages pleins d’humanité.

Allez voir ce film.