À l’occasion de la diffusion de Fast & Furious 8 sur nos écrans, Les Intelloes se penchent sur le cas de Michelle Rodriguez, brune ténébreuse aux yeux revolver, incarnation de « la meuf badass » au cinéma.

Fast and Furious, Resident Evil, Avatar, Machete : l’actrice de 38 ans excelle dans les rôles de femme forte maîtrisant aussi bien bolides vrombissants qu’armes à gros calibre. Mais Michelle peut-elle faire autre chose que foudroyer la caméra de son regard noir et distribuer les coups de pieds avec classe entre deux punchlines assassines ?

La figure de la badass n’est pas un phénomène nouveau. Les mythologies et les romans sont peuplés de guerrières redoutables qui imposent leurs lois aux hommes tout en s’appropriant leurs comportements. D’Artémis aux Amazones, en passant par les Charlie’s Angels. Le mouvement gagne de l’ampleur avec le phénomène « girl power » des années 90 qui propose notamment à la télévision cette figure de femme déterminée n’hésitant pas à en découdre. Buffy la tueuse de vampires en est la parfaite illustration.

Des femmes armées et en colère

La culture pop’ s’approprie cette nouvelle représentation des femmes dans les comics, les jeux vidéos ou le cinéma.

La meuf badass présente des caractéristiques attribuées à la gent masculine : le courage, l’esprit d’aventure, la force physique, l’humour cynique et la liberté. Souvent en lutte, elle n’hésite pas à faire usage de la violence, à porter des armes et parfois, à tuer. Certains réalisateurs mettent un point d’honneur à peupler leurs films de femmes armées et en colère, comme Quentin Tarantino ou Luc Besson.

Indépendante, solitaire, voire franchement hostile, la meuf badass est transgressive. Elle est hors des éternels rôles attribués à son genre, ceux qui font des héroïnes des mamans ou des putains. C’est une insoumise, une effrontée, une rebelle. Du moins jusqu’à ce qu’elle trouve l’amour dans certains cas… ou se fasse capturer (ça arrive à tout le monde).

Plastique plantureuse 

D’où vient donc ce succès ? La plupart de ces films de genre visent un public spécifique, souvent adolescent. La fille prête à en découdre fascine aussi bien les jeunes filles que les garçons. De plus, dans l’esthétique des films d’action, un personnage de femme combattante permet de faire quelques plans suggestifs.

Car la plastique de l’héroïne badass est plantureuse. Si elle s’approprie un comportement masculin, elle n’est pas pour autant androgyne, et affiche un physique correspondant aux injonctions sociales et aux canons de beauté en vigueur. On tape les méchants, certes, mais en jean moulant s’il vous plaît !

Le décolleté et les talons lui font gagner des points bonus de badassitude. C’est d’ailleurs ce qui fait l’essence de cette figure de la pop culture, un comportement viril associé à une hyper sexualisation du corps féminin. Combo gagnant.

L’expression par la violence, l’humour noir, le courage sont pour la meuf badass une manière de se faire accepter dans un univers masculin (la pègre, l’armée, les conducteurs de grosses cylindrées). Les personnages incarnés par Michelle Rodriguez, eux, évoluent parmi les hommes qui l’acceptent comme une des leur malgré son attitude sexy.

Ces impertinentes gagnent le respect en imposant leurs règles. Cependant, elles représentent aussi une menace. La badass est même dangereuse, il faut donc parfois s’en méfier.

Renversement de la figure de la demoiselle en détresse

Néanmoins, l’appropriation de la violence par les femmes reste une situation exceptionnelle. C’est un renversement de la figure de la demoiselle en détresse qui se libère des codes pour prendre en main son destin. Pour s’imposer dans une sphère masculine, la femme doit adopter ses codes, même si cela implique de devenir une as de la gâchette.

Ce nouvel opus de la saga Fast and Furious constitue un énième film dans la filmographie de Michelle Rodriguez où elle incarne, encore et toujours, cette figure de femme guerrière, qui rétablit l’ordre tout en faisant fi des lois (surtout celle de la gravité).

Preuve que la figure de la meuf badass s’est bien installée sur nos écrans, et pour longtemps.

Est-elle un signe d’empowerment ou un nouveau cliché sexiste ? Un peu des deux. On peut tout de même noter que les badass girls prennent part à l’action et s’affranchissent du rôle de love interest passif.

De la Black Widow à Hit girl, les filles ont décidé d’en venir aux mains. Les bad guys n’ont qu’à bien se tenir.

 

Amélie Lopes