La journée de lutte contre le harcèlement scolaire a lieu ce jeudi 8 novembre. A cette occasion, les Intelloes publient 10 faits et chiffres à connaître pour mieux combattre ce phénomène qui touche près d’un élève sur dix. Pour cela, nous nous appuyons sur la dernière Consultation nationale de l’Unicef parue ce jour, menée auprès de 26 500 enfants environ, âgés de 6 à 18 ans.
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A l’école primaire, les garçons subissent plus de moqueries que les filles. Celles-ci seraient mieux intégrées au milieu scolaire, quand les petits garçons doivent plus souvent affronter les railleries de leurs camarades.
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Les filles ont beaucoup moins de place pour jouer que les garçons dans les cours de récréation en France. Tandis que ces derniers occupent le centre du terrain de jeu, notamment pour jouer à des sports collectifs, les filles utilisent les côtés et les coins de l’espace proposé, explique l’Unicef.
“Cela pose la question de l’égalité dans l’espace, analysait Edith Maruéjouls, géographe du genre, dans une vidéo publiée sur la plateforme Matilda. Si un groupe de 30 enfants prend les deux tiers d’une cour de récréation qui accueille 300 enfants, cela pose question (…) Comment jouer aux jeux auxquels on a envie de jouer? Cela prouve aussi que l’on n’arrive pas à se mélanger.”
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Les jeunes sportives sont beaucoup moins nombreuses que les garçons. En effet, les clubs sont bien moins fréquentés par les adolescentes et les fillettes âgées de 6 à 18 ans. Seuls 30% de licenciées sont enregistrés, contre 70% pour le sexe opposé, et ce, tous milieux sociaux confondus. La non-mixité des équipes et le confinement des filles à la maison, peuvent expliquer ce grand écart, selon l’Unicef. Comptons aussi les idées reçues sur la supériorité physique des garçons et leur besoin de se dépenser, ainsi que le manque de représentation des sportives.
Enfin, il faut rappeler que les écarts de salaires entre hommes et femmes sont édifiants dans certains sports: les footballeuses évoluant au sein des grands clubs français gagnent en moyenne 4.000 euros par mois. A l’inverse, leurs pairs masculins évoluant en première ligue touchent en moyenne 75.000 euros par mois.
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Snapchat, Twitter, Facebook, c’est bien beau mais… La majorité des filles et des garçons ont un compte sur un ou plusieurs réseaux sociaux (58%). Cependant, moins de la moitié des enfants et des adolescents questionnés se sentent valorisés dans les échanges sur les réseaux sociaux avec leurs amis (41% environ).
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Cyberharcèlement. Les insultes et les moqueries subies à l’école peuvent se prolonger à domicile aujourd’hui, avec Internet et les réseaux sociaux. Selon le Ministère de l’éducation nationale, 40% des élèves auraient déjà été victimes d’une agression ou de propos malveillants en ligne. Texto, exclusion d’un groupe, discussions sur un chat. Les moyens sont multiples. Les filles sont deux fois plus harcelées que les garçons dans la rue, sur internet, ou dans les transports en commun, selon l’Unicef.
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L’amitié filles-garçons, chose impossible pour une grande partie des 6-18 ans. Presque 70% des filles ont répondu clairement avoir un ami garçon lors de l’enquête. Cela laisse tout de même 30% de réponses contraires. Quant aux garçons, ils sont moins nombreux à avoir des amies (65%). Preuve que les adultes ne sont donc pas les seuls à être en désaccord sur cette question.
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Trop sage ou fille facile. La tenue vestimentaire à l’école est une question très importante pour les filles, et en devient une charge mentale*, selon le rapport. Porter une jupe trop courte ou s’habiller comme un garçon peut être un facteur d’exclusion, et de harcèlement. Le « slut-shaming », courant dans le milieu scolaire et le cyberharcèlement entre élèves, consiste à stigmatiser une fille jugée trop provocante. Il s’agit donc d’un numéro d’équilibriste permanent pour les adolescentes qui se sentent davantage discriminées en raison de leurs vêtements que les garçons.
A noter que le jugement d’une “tenue correcte” est totalement arbitraire et varie selon les collèges et les lycées, qui peuvent également mettre une pression sur les épaules de leurs élèves, en particulier celles des filles.
*fait de devoir penser à une ou plusieurs responsabilités, et cela tout le temps
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Être à l’école ne signifie pas se sentir en sécurité pour les écoliers, collégiens et lycéens.
44% des interrogés affirment ne pas se sentir totalement en sécurité dans ce lieu où ils sont censés passer la majorité de leur temps. Pour l’Unicef, cela peut être mis sur le compte des moqueries et des attaques auxquels de nombreux élèves font face.
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Quant à l’homophobie chez les jeunes… Près de 14% des 13-18 ans interrogés pensent que l’amour entre filles et l’amour entre garçons n’est pas équivalent à celui entre jeunes hétérosexuels. Selon un rapport de l’association, MAG Jeunes LGBT paru en 2014, les collégiens seraient néanmoins plus tolérants que les lycéens envers l’homosexualité.
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Inégalités. Les filles subissent davantage les conséquences de la fragilité financière de leur foyer. L’accès aux savoirs (livres, magazines, internet, ordinateur), à la santé, et aux activités se révèle encore plus restreint que pour les garçons, selon l’Unicef. Cependant, ces privations ont des effets néfastes pour les deux sexes, et empêchent la réussite des jeunes provenant de quartiers populaires, ou de familles très modestes.
Ann-Laure BOURGEOIS
La dernière Consultation nationale de l’Unicef est disponible ici.
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