Signé par Jonathan Dayton et Valerie Faris, ce long-métrage extravagant raconte l’histoire de Billie Jean King. Cette tenniswoman farouche et déterminée s’est battue pour les droits des femmes dans le monde du sport. Jeu, set et match contre le machisme.

En 1973, le monde du tennis est sens dessus dessous. Révoltées par les injustices qui touchent les femmes, les joueuses de tennis du circuit américain décident de boycotter les prochains tournois en organisant leur propre championnat.

La réalisatrice Valerie Faris et son confrère Jonathan Dayton racontent comment ces sportives se sont battues contre les disparités de primes entre hommes et femmes. A la tête de ce groupe révolté, la tenniswoman Billie Jean King incarnée par la brillante Emma Stone. Numéro Une de sa discipline, elle entreprend une vendetta pleine d’humour et de légèreté. Aux côtés des anciennes joueuses Gladys Heldman et Rosie Casals (respectivement portées à l’écran par Sarah Silverman et Natalie Morales), ces femmes indignées engagent une mutinerie sans pitié.

Face à elles, on retrouve Bobby Riggs, interprété par Steve Carell, une ancienne star du tennis dans les années 40. Indécrottable chauvin, l’homme proclame haut et fort  l’évidente domination des « mâles », bien plus intéressants dans la beauté de leur effort sportif.

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A l’époque, le débat sur l’égalité hommes-femmes agite le peuple. En attente d’une ratification par les Etats, l’amendement constitutionnel établissant l’égalité vient d’être voté par le Congrès. Une aubaine pour Bobby qui décide, par provocation, de défier les femmes dans un ultime match. Il défie donc la numéro 1 mondiale de l’époque, Margaret Court. Cette dernière est battue. C’est ensuite Billie Jean qui accepte de l’affronter, dans un match qui deviendra historique.

Un film multiple et lucide

Les réalisateurs ont pris le parti d’aborder plusieurs sujets via une mosaïque de personnages touchants et parfois fantasques. Emma Stone joue une Billie Jean intrépide et bien décidée à faire un pied de nez au chauvinisme ambiant. On la retrouve confrontée à sa propre identité sexuelle, entraînée dans une liaison avec une femme. Cependant, cet épisode est effleuré au profit d’un bras de fer homme-femme.

Bobby Riggs, quant à lui, fanfaronne devant les écrans, éructe ses propos machistes en roulant des mécaniques. Mais une fois chez lui, on découvre une homme dépendant de sa femme, accroc au jeu et bientôt mis à la porte par son épouse. Un personnage pathétique donc, mais dont les travers habilement mis en scène estompent son insupportable condescendance. Les cinéastes réussissent avec brio à travailler la complexité de l’intimité des personnages tout en racontant une histoire vraie restée dans l’ombre.

Le sport au service du féminisme

Les scènes dynamiques et hautes en couleur tiennent le spectateur en haleine. Plongé dans l’ambiance vintage des années 70, le public s’attache aux personnages burlesques et à l’ambiance roadtrip des sportives qui traversent l’Amérique, poings levés. Dans la même veine que LittleMissSunshine qu’ils ont aussi réalisé les cinéastes prouvent une fois de plus que l’on peut toucher grâce au rire. Un film incisif et plein d’énergie féminine qui nous rappelle que la lutte pour l’égalité est toujours à-propos.

Affiche de Battle of Sexe

© Fox Searchlight

Battle of the sexes, par Jonathan Dayton et Valerie Faris, sorti en salles le 22 Novembre 2017, 2h01.

Héloïse Rakovsky