La blogueuse et chroniqueuse Klaire fait grr monte sur scène pour jouer Chattologie, son spectacle sur les règles. Les Intelloes l’ont rencontrée.
Elle s’est fait connaître grâce à son blog. Aujourd’hui, l'(im)pertinente Klaire fait Grr, 32 ans, monte tous les vendredis et samedis soirs sur les planches de la comédie des 3 bornes à Paris, 11e. Chattologie est son premier spectacle.
Après son bac, la parisienne étudie le théâtre. « Dans ma tête, j’allais jouer Phèdre, pieds nus, à la Comédie Française » explique-t-elle en riant. Elle enchaîne avec beaucoup d’ironie : « Quand j’ai compris qu’au bout de dix ans j’aurais peut-être la chance d’être figurante dans Plus belle la vie, je me suis dit que je ne voulais pas faire ça ». En décembre 2008, Klaire lance son blog, un cadeau offert par son frère.
Par ailleurs, pour remplir le frigo, elle travaille pour un site d’infodivertissement. Puis, « petit à petit, j’ai rencontré des gens, fait des projets et globalement, aujourd’hui, je gagne ma vie en écrivant. »
La jeune femme est hyperactive: elle réalise de courts programmes comme C’est Chaud ou Dans ton Flux dans lesquelles elle réagit avec passion et révolte sur des sujets d’actualités. Elle co-anime le podcast Mycose the night sur Arteradio.com avec Élodie Font et Jean-Jacques, le robot. « C’est drôle que la potiche soit un mec. Ça renverse le process’ et change le game. » La blogueuse écrit aussi des chroniques et enregistre des vidéos pour le mensuel NEON.
Depuis fin septembre, elle monte sur scène pour parler san(g) tabou des règles. Les Intelloes l’ont rencontrée pour parler de Chattologie, de féminisme et de ses projets. Entretien.
Les Intelloes : comment est né Chattologie ?
Klaire fait grr : De façon improbable! C’est l’auteure Louise Mey qui a écrit le spectacle. Elle me suivait sur Internet et m’a simplement envoyé un message en me disant : « Je veux que ce soit toi qui le joue ». Elle savait que j’allais refuser, parce que j’ai plutôt peur de me lancer, donc elle a été maligne et m’a obligée à le lire. Patrick Baud, co-organisateur du festival Frames à Avignon en a entendu parler. Il m’a proposé de venir jouer la pièce en septembre. J’ai bossé dessus tout l’été. Il fallait que je la rejoue ! Alors, j’ai accepté. Et maintenant, je suis sur scène à la comédie des 3 bornes tous les samedis jusqu’au début du mois de janvier.
Pourquoi les règles sont-elles un sujet à part entière ?
Il y a ceux qui disent que les règles ne méritent pas un spectacle, et il y a les autres. C’est un sujet vaste et il est impossible de tout traiter en une heure. Mon spectacle mériterait un deuxième volet. Une comédie musicale ? [rires.]
À travers ce sujet, on peut parler des préjugés, de la domination masculine et des injonctions de la société envers les femmes. Les gens pensent que les règles sont sales : oui ! mais on n’a demandé à personne d’en faire de la sauce samouraï [rires.]. Il faut arrêter de penser comme ça. Les règles ne sont pas un truc honteux ; ça arrive à toutes les femmes. On devrait être capable d’en parler pour que ce ne soit plus un tabou, mais aussi pour arrêter d’en souffrir. Ça nous aidera à nous sentir mieux.
Au collège, par exemple, il y a un schisme entre les garçons et les filles. Leurs corps deviennent mystérieux et d’un coup on ne se comprend plus. Donc, ça fout le bordel [sic.]. Finalement, c’est valable pour tous les sujets : de l’ignorance et de la méconnaissance, naissent les conflits.
Qui espère-tu toucher ?
Pour l’instant, je touche beaucoup de nanas. L’objectif est double. Il y a celles qui se retrouvent dans le spectacle et ceux qui n’ont pas leurs règles et qui essayent de comprendre. J’aimerais bien qu’il y ait plus de pénis dans la salle ! En plus, les mecs sont toujours contents d’apprendre des choses. Plus on parlera librement des règles, mieux le monde se portera.
Te sens-tu féministe ?
J’ai envie de me revendiquer féministe ; le seul truc qui m’en empêche est de ne pas être à la hauteur du mouvement. J’essaye de l’être en tout cas. J’ai grandi dans un monde qui n’est ni féministe, ni égalitaire. Tu as beau essayer de changer tes perceptions, tes codes et tes valeurs, le féminisme reste une lutte de chaque instant envers toi-même. En revanche, ce n’est pas un gros mot. C’est un mot tellement beau que je questionne ma légitimité à m’en réclamer.
Quels sont tes projets ?
Je découvre le monde merveilleux du son et il y a beaucoup de choses à faire. J’aimerais bien traiter de sujets qui soient engagés autrement que par le choix du thème. Je continue aussi les podcasts, les chroniques et les vidéos.
Avec Élodie Font, on aimerait écrire un livre sur les cheveux suite à l’émission sur le sujet. C’est fascinant même s’il paraît con.
Propos recueillis par Judith BOUCHOUCHA
Tous les vendredis et samedis soirs : Klaire fait grr dans Chattologie de Louise Mey. Mise en scène par Karim Tougui. Durée : 1h10.
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