Les Intelloes ont sélectionné pour vous cinq livres à lire au mois d’ août. Au programme : polar féministe, BD pédagogique, romans captivants et album artistique. De quoi avoir de la lecture au bord de l’eau.
Les hordes invisibles de Louise Mey
Quand le cyber harcèlement va trop loin. Dans son dernier roman policier, Louise Mey – qui est aussi l’auteure de Chattologie jouée par Klaire fait Grr – nous plonge dans les bas-fonds du web et des réseaux sociaux.
Pendant plusieurs mois, le lecteur s’immisce dans le quotidien particulier d’Alexandra Dueso, officier de police judiciaire à la brigade des crimes et délits sexuels à Paris. Dans ce département, on enquête sur les violences conjugales, les viols et les féminicides, entre autres. Mais Dueso ne s’est jamais habituée à ces immondices et continue d’être révoltée.
Un jour, Ilana, Clémentine et Francesca se présentent au commissariat. Depuis plusieurs heures, ces trois jeunes femmes reçoivent des centaines de messages contenant de menaces de mort et de viols suite à la parution d’une vidéo sur le bodypositive.
Malgré cela, la police municipale n’est d’aucune aide. Un long combat commence alors pour retrouver et faire juger les cyber-harceleurs.
Un polar féministe à dévorer d’une traite sur la plage ou dans son canapé.
Les hordes invisibles, Louise Mey, éditions Fleuve noir, paru le 24 mai 2018, 448 pages, 19,90 euros.
Vagin Tonic de Lili Sohn
Une BD accessible et nécessaire. Après une trilogie sur sa bataille contre son cancer du sein (La guerre des tétons, éd. Michel Lafon), la dessinatrice Lili Sohn démystifie le vagin. Vagin Tonic est d’ailleurs sous-titré : « Mon petit guide décontracté de la foufoune ! »
L’auteure dénonce fermement le manque d’informations et les mythes qui persistent sur la sexualité féminine. Pour la « détabouiser », elle détaille l’anatomie du sexe féminin avec beaucoup de pédagogie et d’humour. Elle dessine la diversité des vagins que le porno ne sait pas montrer. Mais surtout, Lili Sohn offre des réponses précises aux questions que toutes les femmes se sont un jour posées sur leur sexualité.
Cette bande-dessinée est à lire et offrir à toutes les jeunes filles.
Vagin Tonic, Lili Sohn, éditions Casterman, paru le 6 juin 2018, 273 pages, 20 euros.
Au rendez-vous des élégantes de Susana Lopez Rubio
Un roman étonnant. Patricio n’aurait jamais dû rencontrer Gloria. En 1947, il quitte son village espagnol natal pour La Havane sans un sou en poche. Rapidement, il rencontre Le Barouf et Guzman qui deviendront ses meilleurs amis. Pour se nourrir, ils cirent des chaussures dans les rues.
Il se trouve que Patricio a un jour pour client le plus gros mafieux de la ville, et tache ses beaux souliers blancs. Un pistolet sur la tempe, Guzman rattrape l’erreur de son ami.
La série d’événements et de péripéties qui suit donne lieu à une histoire complexe et captivante. Ce roman est à dévorer sur le sable chaud. Ce dernier rappellera les passions qui se déchaînent au fil des pages.
Au rendez-vous des élégantes, Susana Lopez Rubio, traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Beraud, éditions Presses de la cité, paru le 16 mai 2018, 480 pages, 21,50 euros.
Trente filles de Susan Minot
Inspiré par des faits réels, Trente filles est un double récit. C’est d’abord l’histoire de Jane Wood, romancière américaine. En proie à des questionnements existentiels, elle part enquêter sur le sort d’enfants kidnappés en Ouganda.
Au cours de son périple, les rencontres qu’elle fait témoignent d’une terrible réalité. Celle des rebelles qui enlevèrent 139 filles. Malgré les négociations de Soeur Giulia, directrice du pensionnat du village, trente d’entre elles restent aux mains de leurs ravisseurs. Esther, qui réussit à s’échapper, livre son récit à la romancière.
Dans un style sobre mais poignant, Susan Minot relate la folie des hommes, l’insécurité, la violence des rebelles.
En filigrane, l’écrivaine vit également une histoire d’amour avec Harry, une romance qui fait contrepoint à la brutalité des hommes en armes et au calvaire des jeunes filles captives. Un livre intelligent qui fait côtoyer douceur et barbarie, drame et survie.
Trente filles, Susan Minot, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, éditions Folio, paru le 21 juin 2018, 464 pages, 8,30 euros. HR
Graffeuses d’Élise Clerc et Audrey Derquenne
« Les garçons n’ont pas le monopole du talent ! » Pour mettre en lumière le travail des graffeuses, Élise Clerc et Audrey Derquenne sont parties à la rencontre de 47 d’entre elles. Chacune raconte son histoire, son parcours, ses oeuvres, mais aussi les propos et clichés sexistes dont elles font l’objet. « Pas mal pour une fille », leur lancent souvent leurs confrères.
En France, un graffiti est passible d’une amende de 750 euros. Alors, ils les accusent aussi de « courir moins vite » ou d’être des « balances » par exemple.
L’ouvrage offre une vision globale des oeuvres de ces street-artistes en proposant des centaines de photos où tous les styles se confondent. Il prouve encore une fois que les filles aussi peuvent faire ce qu’elles veulent !
Graffeuses, Des années 90 à aujourd’hui, 47 filles du graffiti, Élise Clerc et Audrey Derquenne, éditions Alternatives, paru le 3 mai 2018, 240 pages, 28 euros.
Judith BOUCHOUCHA et Héloïse RAKOVSKY
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