« Salope », « poils », ou encore « lesbophobie » sont les gros mots que vous pourrez trouver dans le livre éponyme de Clarence Edgard-Rosa paru en novembre dernier.
Sous forme d’abécédaire, la journaliste a recensé les mots et expressions qui tournent autour des droits des femmes. Elle nous rafraîchit la mémoire sur les origines du terme « girl power », rappelle la définition du féminisme. On y apprend aussi que les coaches en séduction qui persuadent les mecs qu’il existe des règles infaillibles pour mettre une fille dans son lit s’appellent des « pickup artists » (on frissonne, vous aussi ?). Le livre est intelligent, drôle et lucide. On a adoré, et on a voulu en savoir plus.
Les Intelloes : Pourquoi as-tu écrit Les gros mots ?
Clarence Edgard-Rosa : On entre dans une période de backlash (réaction violente, ndlr) en ce qui concerne les droits des femmes. Le mot « féminisme » est de plus en plus utilisé pour qualifier tout et n’importe quoi, on vit une période étrange : le féminisme est vu à la fois comme un phénomène de mode et comme quelque chose d’effrayant. J’ai donc voulu mettre à plat tous ces concepts plus que jamais d’actualité, les mêler à des mots nouveaux issus de la culture web et de la pop culture. Je souhaitais proposer un livre accessible et décalé qui permette de comprendre les enjeux féministes, parce qu’ils nous concernent toutes et tous.
Peux-tu me donner deux ou trois gros mots du livre que les petites filles et les petits garçons devraient connaître ?
Il n’y a pas tant de gros mots à proprement parler que ça dans le livre, le titre étant un pied de nez à ceux qui croient encore que le féminisme est ringard ou agressif. Il y a surtout des « beaux mots »…
Je dirais que dans la bouche d’une petite fille, les termes “badass”*, “girl power” et “ambition” auraient de l’allure ! Quant aux petits garçons, ce serait génial qu’ils s’approprient le mot “féminisme” parce que cela les concerne aussi.
Le plus gros des gros mot aujourd’hui dont tu parles dans ton livre ?
Ce sont des mots tabous: “vulve”, par exemple, que personne ne dit jamais, comme si ça portait malheur d’appeler une chatte, une chatte ! “Règles” en est un autre, qui semble inspirer le dégoût et la gêne, même à bon nombre de celles qui les ont tous les mois. “Masturbation”, aussi… Ah mais tiens, tout ce qui se rapporte au sexe féminin ne serait-il pas un énorme tabou ? Spoiler : si.
A quelles personnalités recommanderais-tu chaudement la lecture de ton ouvrage?
François Fillon, qui devrait peut-être reconsidérer la légitimité de son récent positionnement « du côté des femmes ». Emma Watson, qui me ferait bien plaisir si elle le déposait (mon livre, pas François Fillon) dans le métro londonien. Ma grand-mère, qui dans mon coeur est une personnalité, et que mon livre devrait faire rire. Cyril Hanouna, qu’il ne confonde plus “viol” et “culture du viol” (c’est pénible).
Clarence Edgard-Rosa est journaliste et travaille sur les questions de féminismes, de genre, de sexualités principalement pour les magazines Causette et Elle. Elle est aussi l’auteure du site pouletrotique.com
*badass: personne qui déchire et qui s’assume
DERNIERS COMMENTAIRES