L’association Lallab a célébré son premier anniversaire le 6 mai dernier. Ses fondatrices Sarah Zouak et Justine Devillaine veulent révolutionner l’image des femmes musulmanes grâce à la diversité et au talent.
L’association Lallab qui milite contre les discriminations et les préjugés sur les femmes musulmanes a célébré le 6 mai dernier son premier anniversaire placé sous le signe de la sororité (fraternité entre femmes, ndlr) à la Bellevilloise dans la capitale. Les Intelloes y ont assisté.
350 personnes étaient présentes aux côtés de Lallab selon les organisatrices, dont le nom est une combinaison des mots « lalla », signifiant « dame » en arabe, et « lab » (laboratoire).
Sarah Zouak, 27 ans, cofondatrice de l’association, déclare d’emblée que les préjugés ont la vie dure. Première organisation de ce type, Lallab est régulièrement associée à l’extrémisme. Sur les réseaux sociaux, elle fait l’objet de messages haineux. « Nous avons eu des difficultés à trouver un endroit pour organiser cet événement, tout comme il a été difficile d’ouvrir un compte en banque au nom de Lallab. Le Crédit Agricole a refusé notre demande », rappelle-t-elle.
Parcours inspirant
Parmi la foule qui l’écoute, beaucoup de jeunes femmes, des mamans venues avec leurs enfants et…des hommes. Tous sont d’origines différentes. La diversité des intervenantes est elle aussi notable. Au cours de la journée se sont succédées Ismahane Chouder, Coprésidente du Collectif Féministe pour l’Egalité, la blogueuse Grace Ly, l’entrepreneuse Mariame Tighanimine, ou encore Yousra Essati, étudiante en journalisme venue parler de son combat pour suivre ses études en fauteuil roulant. Des femmes talentueuses qui ont été choisies pour leur parcours inspirant.
C’est grâce à un voyage de 5 mois, le Women Sense Tour in Muslim countries débuté en 2014 que Sarah Zouak a eu l’idée de donner naissance à Lallab en France. La jeune femme souhaitait aller à la rencontre de féministes musulmanes engagées dans 5 pays différents : le Maroc, la Tunisie, la Turquie, l’Indonésie et l’Iran. Montrer qu’Islam et féminisme étaient compatibles, c’était le défi à relever. Justine Devillaine, 26 ans, cofondatrice, l’a rejoint en cours de route, et ce long séjour a donné naissance au premier épisode d’une série de documentaires, le premier tourné au Maroc. Il a été vu par plus de 6000 spectateurs dans une vingtaine de villes en France.
Besoin « d’histoires différentes »
En septembre dernier, Lallab a lancé son magazine en ligne qui totalise 150 000 vues grâce à une centaine d’articles écrits par une équipe de rédactrices bénévoles. « Cela prouve qu’il y a un vrai besoin d’avoir des informations et des histoires différentes », explique Justine.
Au niveau local, l’association conduit également des ateliers de sensibilisation dans des lycées et des établissements supérieurs. Plus largement, Justine et Sarah veulent toucher le grand public. « Nous souhaitons avoir une visibilité dans les médias mainstream », déclare Justine. Le magazine Glamour, Elle, Le Figaro, Clique TV et bien d’autres leur ont consacré des articles. Le pari est gagné.
Une femme portant le foulard en primetime
Attika Trabelsi, trésorière de l’association avait, elle, interpellé Manuel Valls sur un plateau de France 2 en pleine campagne de la primaire socialiste. « Beaucoup de personnes musulmanes et non-musulmanes nous ont écrit pour nous dire qu’elles n’avaient jamais vu une femme portant le foulard à la TV en primetime ! », s’exclame Justine.
Au festival, le teaser du second épisode du Women Sense Tour a été projeté. Tourné cette fois-ci en Tunisie, il sera bientôt accessible au grand public.
Ann-Laure Bourgeois
Ils étaient présents au festival Lallab
Inès, 22 ans
Je suis venue par curiosité et j’adore ce qu’elles font. Les femmes musulmanes ne sont pas assez représentées dans le féminisme, et celles qui portent le voile sont parfois stigmatisées par les féministes elles-mêmes.
Nadia, 20 ans
J’apprécie vraiment Lallab qui veut militer dans une dimension positive, d’échange, de partage, tout cela pour changer les choses.
Hynde, 34 ans
Le mot ‘féminisme’ ne me plaît pas vraiment. A mon avis, se revendiquer avant tout femme et musulmane donne l’impression que l’on doit en faire plus, alors que non.
Fouad, 25 ans
On parle souvent des femmes musulmanes comme des femmes ostracisées, qui ne peuvent pas s’épanouir. Mais paradoxalement, on ne le leur donne jamais la parole, notamment dans les médias. Lallab soulage la pression que l’on met sur elles, leur permet de s’exprimer et montre leur pluralité.
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