Des étudiants de la Sorbonne ont créé les éditions Les Femmes d’à côté. Ils publient leur premier ouvrage, Le deuxième texte, un recueil de trente contributions artistiques engagées qui met en avant les personnages féminins secondaires de la culture populaire.

Le nom des éditions, Les Femmes d’à côté, parle de lui-même. Les étudiants en master  des métiers de l’édition à l’université Paris-Sorbonne éditent leur premier ouvrage, Le Deuxième Texte, disponible depuis le 24 mars. Leur promotion compte 24 filles pour deux garçons. Leur engagement féministe est direct, le titre de l’oeuvre faisant référence au Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir.
Ils ont déniché leurs auteurs en lançant un appel à contribution sur les réseaux sociaux. Défi réussi. Trente personnes, dont des auteures aguerries comme Myriam Thibault ou Léa Arthemise, ont accepté de sortir leur plume et de revisiter les personnages féminins secondaires dans la culture. Les auteurs seront en dédicace au Salon du livre à Paris jusqu’au 26 mars.
Les artistes ont pris leur mission à coeur. En réinventant les histoires de ces rôles féminins restés au second plan, ils ont fait naître de nouveaux personnages, parfois au fort caractère. La quatrième de couverture en fait foi « On ne naît pas héroïne, on le devient ». Phénice, fidèle confidente de Bérénice dans l’oeuvre éponyme de Racine, parle, enfin. La Marsupullamie entraîne Secottine (Spirou et Fantasio), Mlle Jeanne (Gaston Lagaffe) et Bécassine dans une bande-dessinée qui sera la leur, celle des « Rebelles D ». La Nadja d’André Breton avoue qu’elle a tout inventé, pour se distraire. Ces revisites font à la fois rire et pleurer.
Aude Stheneur, 22 ans, a participé à l’ouvrage. Nous lui avons posé trois questions. Interview.

Aude Stheneur, coauteure du « Deuxième Texte »

En quoi l’ouvrage Le Deuxième Texte est-il féministe ?
Le fait de revisiter des œuvres connues pour remettre des personnages féminins en lumière est un beau projet féministe. Ne serait-ce que par le nom des éditions qui est lui-même très évocateur. L’objectif est de mettre au cœur du livre “les femmes de l’ombre”. Ces dernières sont mal représentées dans la culture populaire. Il est nécessaire d’améliorer la représentation des femmes dans la société.
Pourquoi as-tu choisi de revisiter le personnage de la Schtroumpfette ?
J’ai relu l’album de la genèse de la Schtroumpfette ainsi qu’un papier sur le « syndrôme de la Schroumpfette ». On ne peut pas faire pire comme traitement de personnage féminin dans toute l’Histoire. Dans ce texte, je dénonce le harcèlement et le viol. La Schtroumpfette a été créée par Gargamel pour semer la zizanie chez les Schtroumpfs. Ils tombent tous amoureux d’elle et perdent la tête. C’est une représentation de la femme affreuse et dangereuse. Cela sous-entend que tant que nous ne changerons pas de vision, nous ne changerons pas la façon dont les femmes sont traitées. J’ai essayé de tourner cette situation au ridicule.
Te sens-tu féministe ?
Bien sûr ! Je me revendique féministe. Mais je suis une féministe niveau débutante. J’ai encore beaucoup à apprendre. Mon parcours n’en est qu’à son début. J’ai compris que j’étais féministe en suivant des jeunes femmes engagées sur les réseaux sociaux, comme Marine Périn. Elles ont mis des mots sur tout ce qui a pu me blesser lorsque j’étais adolescente. Le féminisme est un travail pédagogique, il faut apprendre à déconstruire les clichés imposés par la société. J’essaie de respecter les valeurs féministes que je m’impose. Je me suis engagée personnellement à Montréal, où j’ai vécu pendant trois ans. J’ai été bénévole dans un centre qui accueille des femmes victimes de violences conjugale. La fondation s’appelle Carrefour pour elle.
Propos recueillis par Judith BOUCHOUCHA

Enregistrer