La table ronde des Intelloes sur le plaisir féminin s’est tenue le 8 mars dernier. Le rapport sexuel, la méconnaissance des femmes à propos de leur corps et les tabous qui pèsent sur leur sexualité ont été abordés.

 

De gauche à droite: David Simard, Alexia Bacouël, Safia Bahmed Schwartz et Nadia El Bouga

De gauche à droite : David Simard, Alexia Bacouël, Safia Bahmed Schwartz et Nadia El Bouga

Le 8 mars dernier avait lieu la quatrième table ronde des Intelloes sur le plaisir féminin. 

Après les précédents événements qui portaient sur “les femmes qui osent”, “les hommes féministes” et le “body positive”, l’équipe a choisi de parler de sexualité en cette journée internationale des Droits des femmes afin d’informer, encourager le débat et déconstruire les idées reçues.

Nos invitées, la sexologue Nadia El Bouga, auteure de La sexualité dévoilée, Alexia Bacouël, sexothérapeute, thérapeute de couple et fondatrice du Cabinet de Curiosité Féminine, ont pris la parole. À leurs côtés, David Simard, psycho-sexologue et doctorant en philosophie, et Safia Bahmed Schwartz, artiste et musicienne ont répondu aux questions posées par Arièle Bonte, journaliste pour le site RTL Girls et modératrice du débat pour l’événement.

Table ronde des Intelloes sur le plaisir féminin le 8 mars dernier

Les intervenants à la table ronde des Intelloes sur le plaisir féminin le 8 mars dernier. A droite, Arièle Bonte, journaliste et responsable du site RTL Girls

La méconnaissance des femmes à propos de leur propre corps, et les injonctions qui pèsent sur ces dernières ont été les premières grandes questions abordées lors des discussions.

Alors que 72% des Français estiment que les femmes n’ont pas la même libido que les hommes, selon un récent sondage Ipsos-GQ, la sexualité de la gent féminine ferait l’objet d’idées reçues.

Manque d’éducation à la sensualité

Pour Alexia Bacouël, les magazines féminins ont un “impact négatif sur la sexualité des femmes”, en leur indiquant ce qu’elles doivent faire pour avoir “plusieurs orgasmes par jour”. Selon Nadia El Bouga, cette carence de savoir est à mettre sur le compte d’un “manque d’éducation à la sexualité et à la sensualité”.

Les échanges ont également porté sur la définition du rapport sexuel. Quand débute-t-il ? Quand s’achève-t-il ? Le sujet a fait débat et il semble qu’une définition précise soit impossible à donner. « Il existe une représentation qui dit que c’est à l’homme de faire jouir. Il faut non pas remplacer cela par un autre modèle unique, mais ouvrir sur une variété des possibles », a commenté David Simard.

Parler librement de sexualité 

Safia Bahmed Schwartz est allée dans le même sens et a affirmé : “Il n’y a pas de marche à suivre. Cependant il est nécessaire de se détacher de celle promue par le porno mainstream, largement véhiculée.

L’artiste et musicienne a également estimé que les femmes qui parlent librement de leur sexualité sont très mal considérées. “Elles sont peu nombreuses. Celles qui le font aujourd’hui sont Ovidie qui a été actrice porno, et Virginie Despentes, ancienne prostituée.”

“Maman ou putain”

Nadia El Bouga a donné un avis similaire. Pour la sexologue et ancienne sage-femme, les femmes sont souvent définies par deux identités : “la maman ou la putain”. Des attributions extrêmement réductrices qui empêcheraient des échanges constructifs.  « L’orgasme féminin reste impalpable, indéfinissable », a affirmé l’auteure.

Les Intelloes ont constitué un verbatim de cette table ronde, et ont relevé pour vous quelques conseils des participants à cet événement.

« Avoir du plaisir, c’est aussi le prendre, aller le chercher. Aujourd’hui, nous attendons encore qu’on nous le donne », Nadia El Bouga.

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« Dans l’art, il n’y a pas de modèle propre à la femme. Ils sont encore calqués sur ceux des hommes », Safia Bahmed Schwartz.

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« La définition du rapport sexuel a été ‘phallocratisée’. Ce dernier est malheureusement défini presque uniquement par le coït, encore aujourd’hui » Nadia El Bouga.

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« Aller à des ateliers sur la sexualité et s’interroger est un premier pas pour s’enrichir », Alexia Bacouël.

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« Osons parler à nos enfants, et retournons-leur les questions qu’ils posent : ‘et toi tu en penses quoi?’ Cela éliminera les injonctions, et les tabous », Nadia El Bouga.

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« Il me paraît nécessaire de faire un travail de réappropriation et de construction de soi », David Simard.

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« Dans les rapports sexuels, il est indispensable de savoir dire oui… et non ! », Safia Bahmed Schwartz.

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Le plaisir des femmes, et plus largement leur sexualité restent donc des sujets à explorer pour une plus grande égalité dans l’intimité. De nombreuses questions de la part du public ont été posées aux intervenants, notamment sur la mise en pratique des conseils prodigués. Plus que jamais, il semble que la prise en compte des individualités soit nécessaire pour avancer.

Ann-Laure Bourgeois

 

Pour visionner la vidéo de la table ronde, c’est ici.

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Arielle Bonte, journaliste et responsable du site RTL Girls

Arièle Bonte, journaliste et responsable du site RTL Girls prend la parole

 

Les intervenants de la table ronde, et la modératrice des dicussions

Les intervenants de la table ronde, et la modératrice des dicussions

 

Les intervenants de la table ronde et  Ann-Laure Bourgeois (au centre) fondatrice des Intelloes

Ann-Laure Bourgeois, fondatrice des Intelloes, a pris la parole au début de la table ronde