Vanina Denizot, journaliste indépendante, va lancer la revue Soror qui met en avant des parcours de femmes dans un format original.
Elle a 34 ans et elle s’apprête à lancer le premier numéro d’une revue qui veut mettre en avant les femmes. Vanina Denizot a créé Soror, support entre livre et magazine qui proposera des portraits et des entretiens fleuve. Il permettra également de soutenir une association contre les violences faites aux femmes. Vanina veut ainsi innover et valoriser la sororité tout en proposant une nouvelle façon de s’informer.
LES INTELLOES: Pouvez-vous nous raconter votre parcours?
Vanina Denizot: Je suis née en Corse à Bastia. J’ai quitté mon île pour faire des études sur le continent à l’âge de 18 ans. Tout ce que je savais, c’est que j’aimais écrire et lire ! J’ai suivi des études de lettres et que je me suis ensuite orientée vers le journalisme. Après sept ans passés à Paris dont cinq au sein du groupe de presse Marie-Claire, je suis devenue journaliste indépendante. Mon compagnon et moi nous sommes installés à Lyon pour élever notre fille dans une ville au rythme de vie plus calme et aux loyers moins mirobolants ! Mais c’est aussi une ville où il se passe beaucoup de choses et où les gens ont soif d’entreprendre.
Pouvez-vous nous présenter Soror ?
Soror est une revue entièrement composée de portraits et d’entretiens de femme. Le terme le plus exact est celui de mook, contraction de magazine et book (signifiant livre en anglais, ndlr.), mais il est encore peu répandu. Ce mook sera vendu en ligne et, je l’espère, dans des librairies et les concept-stores. Il coûtera 15 euros et sa particularité est de reposer sur un principe d’achat solidaire.
Pour 5 euros supplémentaires, l’acheteur.se qui le souhaite enverra gratuitement un exemplaire à la Maison des femmes de Saint-Denis qui accueille les femmes vulnérables, victimes de violence.
Comment vous est venue l’idée de créer ce mook ?
Après plus de 10 ans à travailler dans les médias, j’avais envie de travailler sur un projet qui me ressemble entièrement, pour lequel j’aurais envie de me battre et que je pourrais mener de A à Z.
Progressivement, en faisant des portraits et des interviews, j’ai réalisé qu’aucun magazine n’était entièrement consacré à des entretiens de femmes. Je souhaitais aussi que ce projet ait pleinement du sens et soutienne un lieu qui agit activement en faveur des femmes.
Et puis je devais continuer à travailler à côté, cela me convenait d’aller à mon rythme, en savourant chaque rencontre. Pour réunir toutes ces exigences, le format du mook s’est imposé très naturellement. Surtout que je suis moi-même une grande lectrice de ce type de presse indépendante!
J’avais également envie de faire passer un message à ma fille. C’est aussi pour elle que je souhaite faire un projet dont je suis pleinement fière, et c’est pour elle aussi que j’ai envie de porter la voix de femmes inspirantes et fortes.
Une campagne de crowdfunding est en cours pour soutenir le premier numéro de Soror. Dans la présentation du projet, vous affirmez vouloir vous démarquer des magazines féminins traditionnels. Que voulez-vous dire?
Je ne considère pas entièrement Soror comme un support appartenant à la presse féminine. Je me sens presque autant en filiation avec un livre qu’un magazine. Au cours des interviews, je n’ai pas posé de questions sur l’actualité des personnes interviewées mais je me suis plutôt intéressée à leur enfance, leur parcours… L’idée est de proposer un contenu pérenne, que l’on peut avoir envie de lire puis de feuilleter à nouveau.
En ce sens, je me différencie des magazines féminins. Dans Soror, il n’y aura pas de place pour des articles beauté, cuisine ou déco ! J’évite les marronniers de la presse féminine. Je travaille pour la presse féminine, j’aime la feuilleter mais j’avais envie d’autre chose.
Enfin, en travaillant seule avec un budget très serré, sans équipe, sans aucun contenu publicitaire, mes contraintes n’étaient forcément pas les mêmes que celles que des magazines féminins traditionnels. Par la force des choses, on est différents.
A quoi serviront les fonds récoltés grâce à la campagne de crowdfunding?
En tout premier lieu à l’impression de Soror au printemps !
Ensuite, au paiement des contributions et à la rémunération de la plateforme Ulule. Enfin, j’ai beaucoup de chance, l’engouement et la mobilisation des contributeurs est très importante ! Je vais donc pouvoir débloquer un peu de budget pour des prestataires externes (une illustratrice notamment), rembourser des frais de déplacement, ce que je n’avais pas envisagé jusqu’à présent.
Que peut-on souhaiter de meilleur pour l’avenir de Soror ?
De durer tout simplement ! J’avance pas à pas, je pense que c’est ma façon de fonctionner. Pour l’instant, l’essentiel pour moi est d’aller au bout de cet opus. C’est en cours et la revue sera imprimée grâce notamment à la campagne de financement participatif. Alors, si ce premier volume plaît, peut-être qu’un second verra le jour ?
Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois
Pour aider Vanina Denizot dans sa campagne de crowdfunding, c’est par ici .
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