24% des Français considère que le « rôle des femmes dans la société est d’être de bonnes mères et épouses« . C’est ce que révèle une étude réalisée par l’institut Ipsos-MORI publiée le 2 mai.
Ce chiffre pourrait rassurer car après tout, il indique que les trois-quarts de notre population ne sont pas du même avis. Chose surprenante en revanche, cette vision conservatrice de la femme qu’on croirait dépassée est en fait en pleine expansion. Oui oui, 8 points de plus depuis 2014.
Cette enquête sur les femmes et familles à travers le monde a été réalisée en ligne dans 22 pays auprès d’adultes âgés de 16 à 65 ans. Et ce qu’on peut en dire, c’est que la France ne fait pas figure d’exception.
Ailleurs dans le monde
Comme l’indique Claire Emes, directrice d’Ipsos MORI, « le monde reste divisé sur le rôle des femmes, mais la majorité ne pense pas qu’elle devraient rester à la maison et avoir des enfants« . Plus précisément, cette majorité s’élève à 58%.
Cependant, si l’on cherche la petite bête (un peu comme nous), on se penche justement sur la minorité. Ces 37% qui partagent une vision moins progressiste du statut des femmes dans notre société.
L’Indonésie très traditionnelle
Les pays qui ont répondu « d’accord » à l’affirmation « le rôle des femmes dans la société est d’être de bonnes mères et épouses » l’ont fait à une écrasante majorité.
En tête des pays les plus traditionalistes sur le sujet, on retrouve l’Indonésie, à 76%, suivie de la Russie (69%) et de l’Inde (64%). Tandis que les Russes n’ont pas varié d’un pouce sur leurs opinions depuis 2014, l’Inde affiche un recul des idées libérales de 7 points. L’Indonésie ne faisait quant à elle pas partie des pays interrogés il y a trois ans.
De façon encore plus significative qu’en Inde, on observe dans trois autres pays d’Europe occidentale (en dehors de la France) des hausses en accord avec le point de vue plus traditionnel. Ainsi, l’Allemagne affiche 10 points de plus par rapport à 2014 pour se hisser à 41%. L’Espagne, elle, fait un bond de 7% à 19% et la Suède passe de 8 à 17%.
Des 22 pays que regroupe cette enquête, la Turquie est celui qui détient la plus forte hausse, à savoir 11 points de plus depuis 2014, pour atteindre 47% aujourd’hui.
De façon peu étonnante, les chiffres démontrent que les hommes sont plus susceptibles d’estimer que les femmes doivent avant tout être de bonnes mères et épouses. Ils sont 41% à le penser, contre 34% des femmes.
La religion participe pour une part importante à ce modèle de pensée. « Ceux qui ont des croyances religieuses sont presque deux fois plus susceptibles de s’associer à la vision traditionnelle des rôles de genre que ceux qui se décrivent comme agnostiques ou athées (de 42% à 24%)« , explique le rapport.
« La recherche montre également des différences claires d’opinion entre les économies émergentes et les économies établies » .
Des données encourageantes, quand même
69% des Français estiment que les hommes prennent désormais davantage de responsabilité au sein du foyer et dans l’éducation des enfants. Un chiffre qui, s’il est correctement représentatif, devrait permettre de gommer quelque peu les fortes inégalités de partage des tâches au sein du foyer.
Dans un article publié en 2016, l’Observatoire des inégalités pointait du doigt le véritable fossé qui séparait hommes et femmes dans le traitement des tâches domestiques. S’appuyant sur les dernières données recueillies par l’INSEE en 2010, il nous en rappelait l’envergure exacte : trois heures trente par jour pour elles, contre deux heures pour eux.
Et en onze ans, si le temps moyen journalier consacré par les femmes au travail domestique a baissé de 22 minutes, passant de 3h48 en 1999 à 3h26 en 2010, celui des hommes, lui, n’a augmenté que d’une minute.
Les enquêtes de l’INSEE portant sur ce thème étant réalisées régulièrement, il nous tarde de découvrir la prochaine qui, espérons-le, devrait mettre en avant les évolutions positives avancées par Ipsos.
CG.
DERNIERS COMMENTAIRES