Lauréat du Prix de Flore 2017 pour son dernier roman Paname Underground, Zarca a accepté de raconter aux Intelloes les coulisses de son livre qui plonge le lecteur dans les dessous de Paris.
Où commence la fiction ? Où s’arrête le réel ? Difficile de le savoir avec Zarca, auteur de Paname Underground et lauréat du Prix de Flore 2017 (éditions Goutte d’Or). Regard poignant et sourire malicieux, l’auteur accepte un entretien pour parler des petits secrets de son dernier roman autour d’un verre. Mais pour ça, hors de question de mettre un pied rive gauche. Comme si Paris était scindé en deux entités bien distinctes, presque antagonistes. «C’est limite un clash Paris-Marseille ! » raconte-t-il en riant.
Le rendez-vous est donné un lundi soir pluvieux d’octobre non loin de la place de la République. Comme son personnage principal éponyme, Zarca apparaît la capuche vissée sur la tête. Il arbore un jean et des baskets.
« Je m’épanouis dans le roman »
À 33 ans, Johann Zarca a enchaîné les jobs alimentaires. « J’ai un parcours chaotique. Officiellement j’ai un niveau bac. » Plus jeune, il voulait vivre des sports de combat. Une fracture du genou a brisé ses rêves. Il intègre alors l’équipe fondatrice des éditions Goutte d’or.
Son dada, c’est le roman. Lorsqu’il parle de ses bouquins (Le Boss de Boulogne, Phi Prob, P’tit monstreet Braco dans l’Underground) une lueur anime ses yeux. « Je m’épanouis dans le roman. Je ne crois plus aux blogs. » D’ailleurs, le dernier article posté sur Le Mec de l’Underground date du 30 juin dernier. Sur son site, Zarca veut « faire marrer » en caricaturant l’histoire d’une clique qui « fait que de la merde. Ils ont des vies de merde. Ce sont des pieds-nickelés ». Plus tard, il avoue aux Intelloes qu’il pense à une suite de son blog en roman : «J’envisage de faire revivre le Mec de l’Underground ».
Zarca est né dans une famille d’intello(e)s, en proche banlieue parsienne. Son père est médecin et son frère aussi. Ils ne lisent pas tous ses livres car ils sont dans le « rejet de la violence ». Par exemple, sa mère n’a pas apprécié d’imaginer « son fils taper de la coke dans un cul de pute enceinte ». Cependant, ils ont été fiers d’apprendre que leur Johann était sélectionné pour le prix de Flore.
L’auteur s’intéresse aux individualités sans pour tomber dans le militantisme. Il a d’ailleurs édité On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier. Pour lui, le féminisme. « C‘est juste le respect de tous les choix que tu fais ». Cependant, il avoue avoir « du mal avec tout ce qui est en -isme. »
« L’underground panamien »
Pour raconter les coulisses, il faut revenir aux prémices. « On devait écrire un bouquin parce qu’on n’avait pas de pognon ». Zarca veut écrire Beurette, un livre sur le porno identitaire et colonialiste. Quatre jours avant de se lancer dans l’écriture, il envoie un message à ses collègues pour leur expliquer le concept de Paname Underground. L’enquête, ce n’est pas son truc : « la documentation c’est ma hantise », avoue-t-il. Il préfère aussi l’usage de l’argot quand il écrit car pour lui, «c’est une valeur sûre calquée sur l’oralité ».
Trois mois plus tard, il rend la première version de son roman. Pour l’écrire, il « jongle » comme il le souhaite. « Il y a des personnes qui existent réellement, un part de ma vie mais il y a aussi une part irréelle. Je ne me fixe rien, je n’ai pas de déontologie ni d’éthique. Je m’arrange avec la réalité. » Cuisiné, Zarca refuse de passer à table et ne dira rien sur le personnage de Dina. Le roman lui est dédié : « À la mémoire de Dina, ma frangine… ».
Un documentaire
Parmi de multiples projets, l’auteur prépare ses ouvrages à la chaîne. Il imagine une suite à Paname Underground, un guide pour retrouver les lieux du roman, ainsi qu’un projet avec Erik Rémès.
Le 18 octobre dernier, la maison d’édition dévoile un teaser d’un documentaire sur Paname Underground. « Il faut lire le livre pour comprendre le docu ». L’auteur n’en dit pas plus. Il sourit comme un enfant qui protège son secret.
Propos recueillis par Judith BOUCHOUCHA
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