Dans des planches de BD, une dessinatrice raconte son « accouchement orgasmique ». Un sujet tabou.  

Remettre en question l’adage « tu enfanteras dans la douleur ». C’est ce qu’a fait la dessinatrice Gayelle dans ses planches publiées sur Facebook. Un article du site RTL Girls lui est consacré. L’illustratrice raconte que la stimulation de son clitoris a réduit les douleurs des contractions lors de son accouchement, et qu’elle a même éprouvé un orgasme.

Malgré les nouvelles avancées de la médecine pour diminuer la pénibilité de la mise au monde, la perception de l’accouchement et de la naissance restent dans l’opinion publique des événements douloureux. Et souvent, les futures mères se tournent vers les équipes médicales pour chercher des solutions.

Ces dernières, comme la péridurale, se révèlent efficaces. Mais elles sont aussi accusées d’empêcher les femmes d’être actrices de ce moment clé de leur vie. Dans son livre Marie, accouche-là paru en janvier 2018, la juriste Marie-Hélène Lahaye dénonce des accouchements de moins en moins naturels.

Des hormones en jeu

Pourtant, la masturbation et l’orgasme pendant l’accouchement ne sont pas vraiment des phénomènes surprenants.

Le passage de tête fœtal dans le canal peut provoquer des douleurs. Mais il peut également stimuler certaines zones sexuellement.

Lorsque les contractions s’intensifient, certaines femmes peuvent spontanément commencer à se caresser.

Deux hormones entrent alors en jeu : l’ocytocine, appelée hormone de l’amour. Elle rend le travail plus efficace, et optimise le lien mère-enfant. L’endorphine, elle, est un anti-douleur naturel qui soulage et permet la relaxation.

Dans un article publié par LiveScience, il est expliqué que 0,3% des femmes ayant accouché auraient ressenti un orgasme au moment de l’expulsion. Des résultats qui attestent que jouissance et venue au monde ne sont pas incompatibles.

 

Illustration de Gayelle au moment de ses contractions

 

Mais d’autres obstacles viennent s’ajouter à ce nombre faible d’accouchements extatiques.

Des facteurs non réconfortants  

Les protocoles hospitaliers et les politiques interventionnistes lors du travail prennent une grande place lors de la mise au monde. Les outils électroniques de surveillance et l’atmosphère hospitalière souvent aseptisée, ne sont pas des facteurs réconfortants.

La littérature sur le sujet est encore timide, car conjuguer sexe et douleur dans le cadre d’une naissance reste un tabou. Si les bienfaits de l’orgasme ne sont plus à prouver, les appliquer lors de l’accouchement nécessite une certaine audace.

Assumer son corps, faire fi des injonctions analgésiques de l’équipe hospitalière, voilà un courage qu’il faut prendre à deux mains! S’affranchir de la honte, assumer une sensualité liée à la naissance de son enfant… Une nouvelle manière d’imaginer le plus beau jour de sa vie ?

 

Héloïse Rakovsky