Je suis has-been.

« A l’ancienne » comme diraient les djeun’s (jeunes, ndlr.) Moi, célibatarde, je vais danser dans les bars en imaginant rencontrer l’âme sœur. J’ouvre grand les yeux dans le métro en espérant bousculer mon futur mec dans les couloirs odorants de la RATP et aller boire un café avec lui. J’examine d’un œil aiguisé toute la faune masculine de ma nouvelle boîte, prenant soin d’écarter les mecs pacsés, casés ou teubés.

En fait, je pense pouvoir trouver par hasard la bonne personne et prendre le temps de tomber amoureuse de ses défauts… Mais ce temps est révolu. La célibatarde que je suis se voit demander tous les jours ou presque, mais pourquoi tu n’essayes pas sur Tinder? À force de répétition, voilà que j’ai cédé.

C’est le match

Samedi soir, célibatarde atteinte de flemmardise aigüe, je fusionne presque avec les coussins de mon canapé. C’est le moment de créer mon compte. Et je finis par me prendre au jeu. Next, next, next… C’est là que je tombe sur lui, beau gosse, brun, yeux revolver, sourire à en faire tomber plus d’une… C’est le match !

Toute excitée, j’entame la discussion, on se parle toute la soirée… On s’échange nos numéros. Et je retire tout ce que j’ai dit de mal sur Tinder, changeant d’avis aussi vite que François Fillon quant à sa mise en examen.

Etape suivante, le rendez-vous dans un café. Avec celui-là, je n’aurais pas eu à subir l’épreuve olfactive du métro. Je m’apprête, mais pas trop. Il ne faut pas le laisser voir que je suis déjà à fond, quand même. Notre date se passe très bien, il me raccompagne et vient le moment du « je t’embrasse ou pas ». C’est fait. Il veut monter chez moi, je lui mets un stop.

Il vient de m’apprendre ce qu’est le ghosting 

Le lendemain, pas de nouvelle du mec. Je lui envoie des textos laissés sans réponse. Je me connecte sur l’appli, il est en ligne. Je lui envoie un message, idem. Il  vient de m’apprendre ce qu’est le ghosting, ce procédé qui consiste à faire le mort pour mettre fin à une relation sans avoir à se justifier. Je me sens nulle, naze, comme si on m’accordait aussi peu d’intérêt que l’Eurovision. Il n’a pas dû apprécier mon stop.

Mais je remonte en selle rapidement et tente de nouveau l’expérience un dimanche soir. Entre les « slt sava ? » et les « tfk ? » en tous genres, je matche avec un beau brun bien chevelu. Drôle, intéressant, il sait aligner 3 phrases sans faute d’orthographe, c’est le combo.

Pubs Clearblue

Mais au premier rendez-vous, je manque de lui demander: où est passé le beau mec chevelu rencontré la veille sur Tinder ? La personne en face de moi ne ressemble pas du tout à sa photo de profil «En fait, je ne suis pas très photo, j’en ai pas beaucoup en stock », se justifie l’intéressé. Le rendez-vous est abrégé et je fais même ma « BA » du jour en le raccompagnant en voiture.  Moi, la femme indépendante du 21ème siècle.

Finalement, je m’aperçois très vite que je ne vis peut-être pas dans la bonne époque. Je ne veux pas trouver mon coup d’un soir sur mon iPhone. J’ai du mal à imaginer que mon âme soeur se trouve dans ce catalogue de mecs qui te parlent un jour mais s’évaporent le lendemain.

J’ai bientôt 30 ans. Les pubs Clearblue calées entre 2 clips sur YouTube me rappellent que je suis en âge de procréer. Mais je m’en fous, je continue de me déhancher sur le dancefloor de mes bars préférés le samedi soir.

Libérté, Egalité, Be-Yoncé.

Curly M.