Bientôt l’été ! Avant de retrouver sandales et parasol, Les Intelloes vous proposent une sélection variée pour finir votre année en beauté. Roman d’amour, mise en garde sur le porno, essai… Retrouvez notre éventail littéraire pour faire le plein d’énergie avant la pause estivale !

Ma grande de Claire Castillon

© Editions Gallimard

Alors que le monde contemporain ne cesse, à juste titre, de revendiquer l’horreur des violences faites aux femmes, Claire Castillon choisit, elle de le raconter avec une voix d’homme. Et quand les rôles s’inversent, le drame reste le même. Sans coup, sans marque visible, voilà l’histoire d’un mari qui sera privé de tout.

Dans un long monologue tortueux, il s’adresse à cette femme qu’il a tuée. « Je vais mieux depuis que tu n’es plus là ». Enfin libre, il raconte les années passées à ses côtés, la prison psychologique dans laquelle elle l’a enfermé.

Avec une écriture brute et sans pitié, Claire Castillon renverse les codes de la violence. Cette violence, unisexe, qui peut s’abattre sur n’importe lequel d’entre nous. Un livre qui permet de descendre chaque porte de l’enfer, de l’humiliation au courage qu’il faudra à cet homme pour survivre et tenter de protéger sa fille. Pour qu’elle ne soit pas qu’un vulgaire dommage collatéral au sein du triangle familial sur lequel on s’écorche à chaque coin.

Ma grande, Claire Castillon, éditions Gallimard, 160 pages, 10,99 euros ,paru le 5 avril 2018.

A un clic du pire d’Ovidie

© Editions Anne Carrière

En dix ans, l’humanité a regardé l’équivalent de 1,2 million d’années de vidéos pornographiques. C’est de ce constat que part Ovidie, ancienne actrice pornographique, pour commencer son livre. L’accès au porno n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui. Et c’est cette vérité alarmante qu’il est nécessaire de comprendre pour protéger les futures générations.

Ovidie nous raconte comment le business du porno a pris une place considérable dans la vie de toutes et tous, et comment la diffusion de masse affecte surtout la construction des plus jeunes.

Elle rappelle avec angoisse que l’âge moyen de visionnage d’un contenu pornographique est de 9 ans. Une douche froide pour éveiller les consciences face au danger du hardcore. Car la question est de savoir comment construire une sexualité saine quand la violence imprègne les images au point de la normaliser ? Un autre porno est-il possible ? Un porno où la domination masculine s’efface au profite d’une mise en avant du plaisir féminin ? Ovidie semble y croire, elle.

A un clic du pire, Ovidie, éditions Anne Carrière, 180 pages, 16 euros, paru le 23 février 2018.

Retrouvez ici notre sélection de porno féministe à voir et à revoir !

La fourrure blanche de Jardine Libaire

© Editions Presse de la Cité

Entre Elise et Jamey, c’est une histoire un peu comme les autres. Deux univers que tout oppose. Elle, issue d’une famille en pagaille, entre alcool, drogues et violence. Lui, sillonne la 5e avenue en travaillant à l’arrière d’une voiture qu’il ne conduit pas. Un peu cliché, certes, mais quand les mondes se heurtent l’un à l’autre et que les sentiments s’en mêlent, on se prend vite au jeu de la love story au destin tragique. Si l’amour réunit les deux personnages, il ne les change pas. Et quand sous les draps, ils pensent pouvoir tout oublier, le fossé entre eux ne cesse de se creuser.

C’est une histoire d’amour sensuelle sous les feux de New-York dans les années 80, qui brûle de sa grandeur. Une réflexion aussi, sur la condition sociale dont on ne peut se départir. La misère et la richesse flirtent dans une écriture décomplexée et tendre. Le pari est réussi.

La fourrure blanche, Jardine Libaire, éditions Presses de la cité, 480 pages, 21 euros, paru le 19 avril 2018.

En finir avec la culture du viol de Noémie Renard

© Editions Les Petits Matins

Dans un essai très éclairant, la créatrice du blog antisexisme.net explique les fondements de la culture du viol. Cette expression née au États-Unis “désigne une culture dans laquelle le viol et les autres violences sexuelles sont à la fois prégnants et tolérés”.

Noémie Renard, s’appuyant sur des études françaises et américaines, rappelle les chiffres des viols et violences sexuelles. En France, 4 à 16 % des femmes déclarent avoir été victimes de viols. Un chiffre qui peut paraître peu important par rapport aux nombres de témoignages ces derniers mois.

Mais comme le précise l’auteure, ces données sont sous-estimées car bon nombre de femmes ne portent pas plainte. De plus, elles ne tiennent pas comptes des “autres formes de violences sexuelles”.

La blogueuse mentionne et explicite les notions de coercitions (fait de contraindre, ndlr.) sexuelle, économique et graduelle au cours des interactions sexuelles. Les femmes doivent  encore accepter des choses qu’elles n’ont pas envie de faire, car elles se sentent obligées.

Cet ouvrage est nécessaire pour que la société évolue. Cependant, le vocabulaire employé peut paraître complexe car il nécessite une bonne connaissance des termes utilisés par les défenseurs des droits des femmes.

En finir avec la culture du viol, Noémie Renard, éditions Les Petits Matins, 180 pages, 12 euros, paru le 8 mars 2018.

Autoportrait en chienne de Solange

© Editions l’Iconoclaste

La Youtubeuse Solange te parle signe ici un troisième ouvrage très introspectif. Sur Youtube, Ina Mihalache de son vrai nom, met en scène Solange, un personnage asocial et drôlement mélancolique, qui traite de sujet divers et variés.

Dans ce roman, Solange parle d’elle-même et raconte l’adoption de son chien, Truite, pour lequel elle développe un amour presque maternel.

A travers ce récit simple et nostalgique, le lecteur découvre que Truite permet à Ina de grandir en tant qu’artiste. Il fait le lien entre le Québec natal de la youtubeuse et la France, où elle cherche à se faire une place.

Tout se mélange, et on finit presque par se demander de qui on parle… De la bête ou de la femme ? Voilà l’histoire d’Ina et de Truite qui vous emmène dans la profondeur de leurs intimités respectives pour vous faire découvrir la face cachée de Solange.

Autoportrait en chienne, Solange (Ina Mihalache), éditions L’Iconoclaste, 200 pages, 15 euros, paru le 7 mars 2018.

 

Héloïse Rakovsky et Judith Bouchoucha