Wonder Woman de la réalisatrice Patty Jenkins est un blockbuster aux notes quelques peu engagées. Loin de ses prédécesseurs Cat Woman et Black Widow, le film manque cependant d’audace.

Très attendu après la catastrophe Suicid Squad, le 4ème film du DC Universe est une origin story narrant les aventures de Wonder Woman. Cette super-héroïne était déjà présente dans Batman Vs Superman, mais c’est la première fois que l’Amazone voit un film lui être entièrement consacré. D’ailleurs, peu d’héroïnes ont eu droit à cet honneur (on peut citer le très oubliable Catwoman de 2004 avec Halle Berry). Cerise sur le gâteau, Wonder Woman est portée à l’écran par la réalisatrice Patty Jenkins et incarnée avec brio par Gal Gadot.

Le film nous raconte donc l’histoire de Diana, fille de la reine des Amazones. La jeune fille grandit sur l’île de Themiscyra, un territoire peuplé uniquement de femmes. Digne héritière de sa mère, Diana passe l’essentiel de son temps à l’apprentissage du combat. Lorsqu’un avion s’abîme en mer près des côtes de l’île, elle sauve le pilote de la noyade. Ce dernier n’est autre que Steve Trevor, espion américain travaillant pour l’armée britannique. Les Amazones découvrent alors que la guerre fait rage chez les humains. Diana, n’écoutant que son courage, décide de suivre l’espion au coeur du conflit dans le but de tuer Arès, divinité de la guerre, et rétablir ainsi la paix dans le monde. Parce que oui, Wonder Woman est une guerrière pacifiste.

 Discours engagé dans un blockbuster

Projeter une princesse amazone dans le Londres du début du XXème siècle permet de souligner les absurdités des rapports hommes-femmes qui régissaient la société de l’époque (et peut-être la nôtre, tiens !). Diana est confrontée à l’exclusion des femmes des sphères de pouvoir, au harcèlement de rue, à l’oppression par la tenue vestimentaire. Les punchlines féministes s’enchaînent. Diana, intelligente et observatrice, analyse le monde qui l’entoure, parfois avec candeur, souvent avec un sentiment de révolte. Le discours engagé est bien un élément à part entière du film, tout blockbuster soit-il. Jenkins montre que les protestations de Diana contre sa condition de femme sont nécessaires et fructueuses, puisque la princesse est finalement reconnue à sa juste valeur comme combattante par l’ensemble des hommes qui composent sa maigre équipe. Quant à Steve, s’il tendait à la protéger aux débuts du film, il n’hésite plus à laisser Wonder Woman prendre la tête des opérations quand la situation l’exige (c’est à dire tout le temps).

Une prestation convaincante 

DC a (enfin) l’intelligence de nous proposer une héroïne brillante, forte, courageuse, fière et pas cliché pour un sou, du moins pas dans l’évolution de son caractère. Gal Gadot fournit une prestation très convaincante dans le rôle de la guerrière Amazone. Et si cette dernière se montre parfois naïve, elle n’en est pas moins volontaire. La jeune femme mène avec détermination sa mission et administre sans état d’âme des corrections à un grand nombre de soldats allemands. Les scènes de combats sont d’ailleurs bien menées. Un abus des ralentis à la Zack Snyder (oui, encore…) est à déplorer, bien que ces derniers révèlent des chorégraphies spectaculaires.

De plus, Wonder Woman frappe vite et frappe fort. La donzelle ne débarque pas en pleine tranchée pour enfiler des perles. Exit les pseudo guerrières dont les combats ressemblent plus à des enchaînements de GRS qu’à une vraie bagarre ! Les Amazones font sensation au début du film dans une superbe scène d’affrontement avec l’armée allemande, démontrant l’étendue de leur force. Des images qui, il faut l’avouer, m’ont fort impressionnée.

Boobs en plan rapproché 

A noter également : parce que Wonder Woman est filmée par une femme, elle n’est jamais hyper-sexualisée. Les caméra ne s’attardent pas sur ses formes avec voyeurisme (désolée, mais pour les boobs en plan rapproché vous repasserez !). Les combats, même entre femmes ne tombent pas dans le fantasme érotique. La tenue est courte ? Soit ! Et alors ? Elle n’est jamais prétexte à une contreplongée sur la culotte de la déesse. Diana est belle, elle a de la prestance et du charme certes, mais elle échappe au traitement peu flatteur de certaines de ses consœurs, Catwoman et Black Widow en tête.

Wonder Woman est-il donc le film parfait de super héroïne? Malheureusement, non. Quelques dérapages sont peuvent gêner, notamment une romance téléphonée dont nous aurions pu nous passer. Le rapport entre l’espion et la déesse fonctionne très bien sans qu’il soit nécessaire d’ajouter une dose de sentiments un peu cucul.

Coiffure impeccable même sous les obus

La scène d’amour, bien que très suggérée, est loin d’être indispensable. La complicité et l’affection entre un homme et une femme doivent-elles nécessairement être scellées par une partie de jambes en l’air ? Et sachez que pour rendre une jeune femme moins remarquable (entendez moins jolie) la meilleur option est encore de la doter d’une paire de lunettes (big up à toutes les binoclardes dans l’assistance). Evidemment, Diana garde sa coiffure impeccable même sous les obus et son mascara ne coule pas. Passons, nous sommes au cinéma.

Autre point plus problématique, le personnage de Wonder Woman se réalise en tant qu’héroïne grâce à un homme. Sans l’intervention du pseudo espion, elle aurait été condamnée à s’ennuyer pour le reste de son existence sur son île mythologique. Le personnage masculin est l’élément perturbateur, son guide à travers le monde des hommes et son premier amour. C’est aussi du fait de leur idylle que la guerrière atteint la pleine maîtrise de ses capacités et atteint la puissance lui permettant de tuer le grand méchant, dans une scène finale aussi classique qu’attendue.

Film sans erreur

La perte de Steve la transcende et la transforme. Diana sauve le monde grâce au pouvoir de l’amour (texto dans le film, je ne plaisante pas). Cela me laisse tout de même dubitative. Apparemment, le pouvoir du coup de botte dans la mâchoire, ce n’est pas suffisant lorsque vous êtes une femme.

Nous assistons donc à un film très classique, répondant aux codes du blocbuster de super-héros, sans audace mais sans erreur. Wonder Woman est un bon film de divertissement qui vous rappelle gentiment que la guerre, c’est mal ! Et que les filles peuvent être cools sur fond d’explosions numériques. C’est déjà bien.

 Amélie Lopes