Alors que les salles de sport et les vidéos Youtube pour retrouver la ligne prolifèrent, les conséquences de certaines activités physiques sur la santé des femmes sont occultées.

 

Un tiers de femmes sont des sportives régulières, selon un rapport de l’INSEE publié en 2015. Pour celles qui veulent maigrir ou être plus tonique, les salles de sport sont une option non négligeable: elles présentent un large éventail de tarifs, se trouvent souvent à proximité du domicile, et proposent la plupart du temps des cours de fitness, très prisés par la gent féminine.

Des tutoriels sont également proposés en ligne, sous forme de vidéos accessibles gratuitement, sponsorisées par des grandes marques comme Nike ou animées par des blogueuses. Autre aspect: l’accessibilité du fitness attire, une corde à sauter, un tapis et des haltères suffisant pour une séance digne de ce nom.

Loin d’être inoffensives

Pourtant, la pratique de ce sport peut avoir des conséquences graves sur la santé. Sandrine Aimé, coach sportive et propriétaire d’une salle à Lyon tire la sonnette d’alarme: “Les séances d’abdominaux dits ‘crunch’, durant lesquelles vos jambes pédalent ou reproduisent le mouvement des ciseaux sont loin d’être inoffensives. Elles nécessitent de relever les omoplates, ce qui entraîne une compression des disques intervertébraux, un raccourcissement des abdominaux et donc une pression dans le ventre sur le périnée, alors distendu.”

Outre le fitness, les sports à sauts tels que l’équitation, la course à pieds, l’aérobic ou le basket auraient eux aussi le même effet sur le périnée, provoquant des pressions abdominales.

 

 

L’incontinence et la descente d’organes seraient les principaux risques encourus. En 2009, 9 millions de femmes de plus de 35 ans souffraient de fuites urinaires. Pour Claude Vouillot, sage-femme osthéopathe, ces perturbations résultent du déséquilibre qui s’opère entre les forces des abdominaux et celles du périnée qui n’est alors plus en mesure d’opérer son rôle de maintien. « Les séances abdos-fessiers sont stupides et dangereuses car elles ne représentent qu’un travail superficiel de la sangle abdominale, qui n’est pas adapté au corps féminin. » 

Corps plus vulnérable 

Charlotte Redon, sage-femme spécialisée dans l’allaitement, va dans le même sens. “La vie d’une femme est rythmée par des changements : grossesse, accouchement, allaitement. Durant ces périodes, le corps est plus vulnérable en raison de l’imprégnation hormonale. Les tissus sont plus mous, donc l’élasticité du périnée est amoindrie.”

Les sports qui font travailler le cardio devraient donc être associés à des sports plus doux comme le pilate et le yoga. Ces derniers induisent une conscientisation du périnée, et permettraient donc de mieux prendre en compte les éventuelles pressions sur cet organe.

Travail du bas vers le haut 

Pour les exercices plus ciblés, Sandrine Aimé applique la méthode de Gasquet dans sa salle de sport. Celle-ci propose un travail abdominal du bas vers le haut, sans décollement des omoplates, donc sans poussée sur le périnée. “Cette méthode ne vous offrira pas le fameux ‘six-pack’ mais c’est un travail global qui sollicite toutes les couches abdominales et plus particulièrement le muscle du transverse surnommé ‘le muscle du ventre plat et de la taille de guêpe’”, explique la coach sportive.

Cette façon d’appréhender le sport amène différents questionnements. Le culte du corps se ferait donc aujourd’hui au détriment de la santé, de manière massive. Les effets du sport sur le périnée semblent quant à eux occultés.

Cet organe serait aussi absent des débats sur la santé. “Ce désintérêt est le propre d’une société occidentale pour qui le périnée fait partie de l’intime la femme, de la sexualité, du ‘pipi-caca’, de ce qui est tabou! commente Claude Vouillot. Il n’intéresse que lorsqu’il y a pathologie”. Oui, mais pour combien de temps encore?

 

Coline Le Piouff