La rentrée littéraire 2017 est riche en émotions. Les Intelloes ont sélectionné pour vous, six livres retraçant le parcours de six femmes formidables.

  1. Les Bijoux Bleus de Katharina Winkler 

© éditions Jacqueline Chambon

Sortez les mouchoirs. Le premier roman de Katharina Winkler, les Bijoux bleus (éd. Jacqueline Chambon) ouvre les yeux sur les violences domestiques. Le lecteur suit le parcours chaotique de Filiz, jeune femme turque issue d’une famille nombreuse où la tradition est bien ancrée. Adolescente, elle tombe éperdument amoureuse de Yunus. Il deviendra son époux et lui fera trois enfants. Mais dans l’intimité, les viols sont quotidiens et les “bijoux bleus” sont communs. Toutes les femmes en ont. Filiz subit, en martyre. La tradition intime de se taire et de se cacher, sous peine de se faire tuer. Le rythme de l’oeuvre est saccadé, presque poétique. Les mots sont brutaux. Le souffle est coupé. La douleur est réelle. Cette triste histoire reflète un monde inconnu mais touchant, au point de nous faire pleurer.

Les Bijoux Bleus de Katharina Winkler, traduit de l’allemand par Pierrick Steunou. Editions Jacqueline Chambon. Parution le 6 septembre 2017. Prix : 21 €. Nombre de pages : 256

  1. De l’ardeur, Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne de Justine Augier

© éditions Actes Sud

Une femme courageuse. Razan Zaitouneh est une avocate syrienne, journaliste, militante des droits de l’homme et figure de la révolution syrienne. Le 10 décembre 2010, elle est enlevée à Douma en Syrie avec trois de ses amis par un groupe de salafistes. Depuis, personne ne sait ce qu’elle est devenue. Avec De l’ardeur (éd. Actes Sud), Justine Augier propose une enquête qui retrace la vie de cette brillante activiste, relate ses combats sans oublier de mettre des mots sur la guerre civile en Syrie, toujours d’actualité. 

De l’ardeur, Histoire de Razan Zaitouneh avocate syrienne de Justine Augier. Editions Actes Sud. Parution le 6 septembre 2017. Prix 21,80€. Nombre de pages : 320

  1. Sa mère, de Saphia Azzeddine 

© éditions Stock

À la recherche d’une identité. “J’ai passé ma vie au bord des larmes.” Ce roman de Saphia Azzeddine (éd. Stock) rédigé à la première personne présente une héroïne des temps modernes. Marie-Adélaïde est née sous X, il y a 28 ans. De familles d’accueil en foyers, elle n’a jamais su trouver la bonne place. En elle, une colère grogne, sans savoir d’où elle vient. Elle veut retrouver sa mère biologique. Mais elle ne se morfond pas. La vie continue jusqu’au jour où tout va basculer.  À travers ce personnage, l’autrice offre un regard nouveau, souvent tu, sur la société actuelle. Les femmes voilées, les bourgeois, les banlieusards, les vieux : tout le monde y passe !  Un mélange de cynisme, d’humour et de révolte qui font de ce roman une petite perle. 

Sa mère de Saphia Azzeddine éditions Stock. Paru le 23 août 2017. Prix : 19 €. Nombre de pages : 240

  1. Comme une grande, d’Elisa Fourniret 

© éditions Mauconduit

Flashbacks et sentiments. Au cours d’une virée dans l’est de Paris, une narratrice sans nom évoque sans pudeur sa vie et son enfance. Comme bon nombre de femmes, elle élève seule son fils. Un enfant né d’un amour d’abord sincère, puis abîmé par la dépression. L’héroïne est une mère comblée de joie, mais la maternité n’est pas une fin en soi… Elle évoque aussi l’échec des relations amoureuses, sa sexualité inachevée, son enfance à Longwy en Lorraine, ses parents ouvriers et fils d’immigrés au caractère bien trempé, l’amour inconditionnel qu’elle porte à sa sœur. Un récit saccadé parsemé d’argot qui incite à réfléchir sur la vie d’une working-girl avec ses petits bonheurs et ses grandes tristesses.

Comme une grande d’Elisa Fourniret éditions Mauconduit. Paru le 21 août 2017. Prix : 19,50 €. Nombre de page : 240   

  1. Mina Loy, éperdument, de Mathieu Terence 

© éditions Grasset

Féministe avant l’heure. Plus qu’une biographie, Mathieu Terence dresse le portrait de Mina Loy, née Löwry. Cette poétesse et peintre est née en 1882 en Angleterre dans une famille juive. Au fil des années, son seul rêve est de quitter le domicile familial, en particulier sa mère pour devenir étudiante en arts. Sa vie est alors un voyage sans fin : Allemagne, Paris, Florence, New-York, Mexico…  Elle y rencontre son premier mari – qu’elle n’a jamais véritablement aimé. Chaque arrêt correspond à une partie de sa vie. Au fil de son parcours, Mina Loy se lie d’amitié avec des grands noms de l’art comme Picabia, Gertrude Stein, Freud, Picabia ou encore Tzara. Son parcours et son corps lui appartiennent. Mina Loy pousse à l’admiration.

Mina Loy, éperdument de Mathieu Terence, éditions Grasset. Parution le 6 septembre 2017. Prix : 18€. Nombre de pages : 234

  1. Une fille de la jungle, de Delphine Coulin 

© éditions Grasset

L’enfer de Calais. Ils sont six adolescents. Six à s’être enfuis de leur pays natal (Afghanistan, Albanie, Ethiopie). Ils se retrouvent seuls dans ce bidonville de Calais plein de tristesse. Leur rêve commun est de rejoindre l’Angleterre par n’importe quel moyen. Hawa, l’une des protagonistes, a quitté l’Ethiopie pour échapper à un mariage forcé et devenir maîtresse de son destin. Son parcours jusqu’à la France est héroïque et terrible. Elle dort et marche parmi les rats crasseux, les pigeons boiteux, la boue, la pluie, les mafieux, les violeurs et les bagarres des adolescents qui tentent de survivre tant bien que mal. Un récit haletant, puissant et touchant.

Une fille de la jungle de Delphine Coulin éditions Grasset. Parution le 23 août 2017. Prix : 18€. Nombre de pages : 240

 

Judith Bouchoucha