Dans une Amérique profonde et sèche, Three Billboards, les panneaux de la vengeance raconte la bataille d’une mère pour résoudre le meurtre de sa fille. Alors que les investigations sont au point mort, elle décide de provoquer le chef de la police.
Colère et soif de justice. Ces deux sentiments animent Mildred Hayes, femme forte, incarnée avec brio par Frances Mc Dormand. Derrière la caméra du réalisateur Martin McDonagh, elle entraîne le spectateur dans la spirale infernale de la vengeance.
Sept mois après le viol et l’assassinat brutal de sa fille, Mildred Hayes enrage de ne voir aucune arrestation. La guerrière n’a plus rien à perdre et décide alors de placer trois panneaux publicitaires gigantesques à l’entrée de sa ville. Des panneaux qui dénoncent le travail peu scrupuleux de la police dans cette affaire. S’engage alors un long bras de fer entre cette femme animée d’une colère froide et les membres de la police d’Ebbing, dans le Missouri.
Un affrontement digne d’un western
Dès l’installation des panneaux, la vendetta de Mildred Hayes fait grand bruit.
Les médias s’emparent du phénomène, et la police grince des dents. Au poste, c’est le chef, William Willoughby porté à l’écran par Woody Harrelson et Jason Dixon (Sam Rockwell) qui affrontent la mère. Entre le capitaine bonne pâte, et son acolyte, feignant et raciste, la revanche de Mildred s’annonce difficile. Les échanges, souvent violents ainsi que les paysages d’une ville rurale et prosaïque, tout est réuni pour faire penser à un tête-à-tête entre cowboys et cow-girl. Frances McDonald impressionne par sa retenue et l’âpreté avec laquelle elle donne la réplique. Au bord de l’implosion, son interprétation de la colère et de la détermination est puissante.
Un mélange de styles captivant
Le film rappelle la prise à la légère des crimes à l’encontre des femmes par une police très masculine, comme ce fut le cas en France dans les années 80. Si le réalisateur s’attaque à une thématique poignante, c’est sans compter l’humour noir qui ponctue les répliques. Le cynisme de Mildred Hayes, le côté redneck du chef, l’officier de police, vulgaire qui vit encore chez sa mère, le film regorge de pépites sarcastiques qui calfeutrent l’ambiance pesante. Les scènes de violences sont parfois extravagantes: la défenestration d’un publicitaire pleutre, la mise à sac du poste de police avec des coctktails Molotov ajoutent une ambiance explosive. Un drame qui porte alors des allures de comédie sinistre, avec des personnages complexes et attachants.
Plus loin que l’enquête
En apparence, le film se focalise sur cette affaire de meurtre sordide. Mais à mesure que se déroule l’histoire, le scénariste prend le parti d’attirer la caméra sur l’intimité des personnages. Toute la profondeur du film réside en cela. C’est ainsi qu’on apprend que le chef de la police est atteint d’un cancer du pancréas en phase terminale. Que Mildred Hayes, la mère éplorée, rumine la dernière dispute amère avec sa fille avant qu’elle ne disparaisse. Dixon, le jeune officier de police, s’occupe tant bien que mal de sa mère très affaiblie.
Une mosaïque de personnages indispensable pour comprendre que derrière chaque drame se cache un labyrinthe qui souvent, nous échappe.
Héloïse Rakovsky
Three Billboards, les panneaux de la vengeance, par Martin McDonagh, en salles depuis le 17 janvier. Durée: 1h56.
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